Donnez-moi ces milliards! L’euro cher perturbe les plans de la BCE

Comme prévu, la Banque centrale européenne a augmenté de 500 milliards d’euros son programme d’urgence ‘PEPP’ destiné à soutenir l’économie face à la crise du coronavirus, pour atteindre un total de 1.850 milliards d’euros. Cela devrait permettre à la BCE d’inonder encore davantage le système financier avec des actifs liquides. La durée du programme a également été prolongée de neuf mois, jusqu’en mars 2022. En outre, les conditions favorables grâce auxquelles les banques peuvent se refinancer sont prolongées. Ce programme TLTRO court désormais jusqu’en juin 2022.

La BCE veut donc clairement relancer la croissance économique dans la zone euro. Alors que le taux d’intérêt fluctue autour de zéro ou moins depuis des années et que l’inflation reste minime, elle n’a guère d’autre possibilité que d’acheter en masse des obligations d’État afin d’injecter de l’argent dans le système. Environ 70% de toutes les obligations émises en zone euro cette année ont été achetées par Francfort. En 2021, la BCE entend maintenir ce rythme.

Mais les tentatives de relance de l’économie européenne pourraient bien se heurter à un trouble-fête: l’euro cher. Depuis le début du mois de janvier, la monnaie unique a grimpé de 8% par rapport au dollar américain et de 7% par rapport à la livre sterling.

La faiblesse du dollar annule l’effet des milliards de la BCE

L’effet des injections massives de liquidités est donc largement annulé par la faiblesse du billet vert. Une évolution qui profite principalement aux États-Unis. Car un dollar plus faible favorise les exportations américaines et désavantage les importations en provenance des États-Unis.

Pour les Américains, il devient plus intéressant d’acheter en Chine ou dans leur propre pays, plutôt que d’importer des marchandises coûteuses venues d’Europe. Janet Yellen, qui deviendra ministre des Finances sous la présidence de Joe Biden, et Jay Powell, son successeur à la tête de la Réserve fédérale, veulent tous deux maintenir une politique monétaire et budgétaire extra-souple au cours des années à venir. Ce qui va encore affaiblir le dollar. La Banque ING voit même l’euro s’apprécier encore un peu plus en 2021 pour atteindre 1,25 à 1,30 dollar.

Un phénomène similaire se produit également au Royaume-Uni. L’incertitude liée à la période post-Brexit menace de continuer à peser lourdement sur la livre dans les années à venir.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, veut absolument éviter que l’euro ne vienne jouer les trouble-fêtes de la foire aux milliards de son institution. Jeudi, elle a déclaré qu’elle surveillerait de très près les taux de change.

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