Javier Milei, le nouveau président argentin, prendrait-il déjà ses distances avec ses promesses de liquider la banque centrale du pays afin de lancer la dollarisation de l’économie argentine ? C’est ce qu’on pourrait penser, quand on voit son poulain dédié à cette mission finalement refuser le poste.
La dollarisation de l’économie argentine promue par Javier Milei, un pétard mouillé bien vite désamorcé ?

Pourquoi est-ce important ?
Se faire élire à la tête d'un pays sur un programme qui regroupe tout le bingo mi-ultradérégulateur et mi-ultraconservateur du populisme moderne, c'est une chose. Arriver à gouverner, et par là même à tenir ses promesses les plus osées, c'en est une autre.Dans l’actualité : le nouveau président argentin, Javier Milei, se heurte déjà aux réalités du pouvoir. Alors qu’il a largement basé son programme sur une hostilité déclarée à la banque centrale de son pays – tenue responsable d’une inflation de 140% cette année – il ne lui trouve pas de dirigeant. Son candidat issu de son équipe, le professeur d’histoire économique et ancien banquier d’investissement Emilio Ocampo, a refusé le poste en raison de divergences de politique.
La « dollarisation », une illusion ?
- Ocampo, auteur d’un texte promouvant la dollarisation de l’économie du pays, devait avoir pour mission de prendre les rênes de la banque centrale afin de la fermer. II ne le fera visiblement pas.
- Quant à cette fameuse dollarisation de l’économie argentine, elle semble sur de bien mauvais rails. De telles politiques d’abandon de la monnaie nationale au profit du dollar américain ont certes déjà été entreprises. Avec succès même, en Équateur et au Salvador, mais il s’agit d’économies bien plus petites.
- Le refus d’Ocampo, alors qu’il était le premier partisan de la liquidation de la banque centrale et du passage au dollar, laisse entendre, selon le Financial Times, que ce plan n’a plus tant les faveurs du nouveau président. Du moins dans un premier temps, alors que son désormais ex-partenaire tenait beaucoup à ce rôle de fossoyeur. Si prendre le poste signifiait déposer la pelle, il aurait préféré le refuser.
- « La seule raison pour Ocampo d’être à [la banque centrale] était de dollariser », a confié une source au quotidien économique. « Il n’allait jamais à la banque centrale pour mettre en œuvre le plan de quelqu’un d’autre, avec lequel il n’est pas d’accord. »