Web Analytics

Le dilemme de Powell : la Fed doit choisir entre la peste et le choléra pour l’économie américaine

Le dilemme de Powell : la Fed doit choisir entre la peste et le choléra pour l’économie américaine
Jerome Powell – Getty Images

Ces dernières semaines, un espoir a fleuri au sein du marché : la banque centrale américaine en aurait fini avec les hausses des taux d’intérêt. Depuis, celui-ci s’étiole. Mais face à une situation économique difficile, le choix de la Fed n’a rien d’évident.

On attend l’oracle

Le contexte : comme chaque mois, la Fed va tenir sa réunion durant laquelle elle va décider des taux directeurs américains. La banque centrale se réunit les 13 et 14 juin, et cette fois, il est difficile de prédire ce qu’elle décidera.

  • Selon FedWatch, 70 % du marché table sur une rupture des hausses des taux et 30 % sur une hausse de 25 points de base le 14 juin, apprenait-on ce week-end.
  • Des attentes qui se basent sur des doutes exprimés au sein même de la Fed : au début du mois, gouverneur de la Réserve fédérale Philip Jefferson et le président de la Réserve fédérale de Philadelphie Patrick Harker appelaient tous deux, indépendamment, à plus de prudence, au moins pour ce mois-ci.
  • Un appel à la prudence, voire à la pause dans les hausses, motivé par les fissures dans l’appareil bancaire américain. Trois établissements ont fait faillite peu de temps après l’annonce de la dernière hausse, faisant craindre un effet domino – qui n’a pas eu lieu. Mais la Fed doit maintenant prendre ce risque en compte, sans toutefois oublier sa mission première : enrayer une inflation américaine qui était encore de 4,9% en avril.

« Ils sont entre le marteau et l’enclume. C’est une situation très, très difficile. Vous êtes maudit si vous augmentez les taux de manière significative et mettez encore plus de pression sur les banques, mais vous êtes maudit si vous ne le faites pas et que l’inflation s’accélère. »

Raghuram Rajan, ancien gouverneur de la Reserve Bank of India, cité par le Wall Street Journal

Tout dépend de l’inflation

Poursuivre la hausse des taux ?

  • Plusieurs indices vont en ce sens : le marché du travail reste tendu aux USA, avec 339.000 nouveaux emplois le mois dernier. L’économie ne ralentit pas.
  • L’inflation non plus : en chiffres annuels, elle est passée de 4,2 % en mars à 4,4 % en avril. Or, si celle-ci ne repart pas à la baisse ce mois-ci, la Fed serait logiquement tentée de continuer son traitement de choc, voire d’augmenter les doses, pour enfin faire baisser la fièvre. Et ainsi envisager sereinement une période de baisse des taux l’année prochaine.

Ou interrompre les hausses ?

  • L’ennui, c’est que le marché supporte de moins en moins le médicament. Il subit un coup à la baisse à chaque annonce de la Fed, et l’optimisme de ce mois-ci tournerait à la douche froide si la banque centrale continue sur sa lancée.
  • La crainte d’un effondrement de nouvelles banques reste encore dans tous les esprits. De même que la menace de la récession, alors que l’Allemagne y est entrée et que certains pays européens la frôlent de près. Mais avec une inflation dans la zone euro à 6,1 % (en glissement annuel) en mai, la BCE, elle, n’hésitera pas à encore serrer sur le frein de 25 points de pour cent.

Tout dépend en fait des chiffres actualisés de l’inflation, mais aussi des indicateurs économiques comme le taux d’emploi. Et la Fed joue en fait sa réputation, et son président Jerome Powell sa carrière. Celui-ci doit naviguer à vue depuis la pandémie pour maintenir la machine économique américaine à flot, mais tout ce qu’il a décidé a été vertement critiqué. On lui reprochait d’avoir sous-estimé le risque d’inflation, et voilà qu’il devrait arrêter de lutter contre, au risque de faire pire que mieux. C’est une tragédie grecque marquée du sceau du dollar.

Plus d'articles Premium
Plus