Le Groupe des Sept – Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni – a trouvé un accord de principe sur un embargo généralisé du diamant russe. Une interdiction qui devrait porter non seulement sur les pierres brutes, mais aussi sur la vente au détail. Et il s’agit d’une solution défendue par notre pays.
Diamants russes : le G7 en faveur d’une solution à la belge

Pourquoi est-ce important ?
Un embargo total sur les diamants est de nouveau sur la table, et le sujet est très sensible dans notre pays, où le secteur diamantaire est vital pour la ville d'Anvers, qui craint de perdre sa place de marché spécialisé dans les pierres en faveur de ses concurrents asiatiques.Dans l’actualité : la réunion du G7 – le groupe des sept grandes puissances économiques – s’est terminée ce dimanche à Hiroshima. Sans surprise, leur principale conclusion est le maintien d’une condamnation ferme de l’agression russe en Ukraine, ainsi que la préparation de nouvelles sanctions économiques. Celles-ci viseront surtout à resserrer celles déjà en place et à les rendre moins aisément contournables. Mais pour la première fois, le G7 a très explicitement mentionné un embargo à l’égard des diamants russes.
Rhétorique et traçage
« Afin de réduire les revenus que la Russie tire de l’exportation de diamants, nous continuerons à travailler en étroite collaboration pour restreindre le commerce et l’utilisation des diamants extraits, traités ou produits en Russie et nous nous engagerons avec des partenaires clés afin d’assurer la mise en œuvre efficace de futures mesures restrictives coordonnées, y compris par le biais de technologies de traçage. »
Le communiqué du G7
- Ceux-ci sont déjà exclus des marchés des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada, mais ni le G7 ni l’UE ne s’étaient jamais véritablement positionnés sur la question. Il faut dire que le secteur diamantaire pèse lourd, au hasard, en Belgique.
- La déclaration du Groupe des 7 reste toutefois très élusive : le mot embargo n’y est même pas mentionné, et une réelle stratégie doit encore être mise en œuvre. Tout cela reste encore plus rhétorique que véritablement concret. Mais notre pays a, pour une fois, pris les devants.
La méthode belge
La Belgique tient une place importante dans la vente de diamants à l’échelle mondiale – ce qui représente 30.000 emplois, concentrés à Anvers. Une position que notre pays a peur de perdre, au profit de Dubaï ou de Mumbai, ses grands concurrents aux Émirats arabes unis et en Inde, des pays bien plus conciliants à l’égard de la Russie. « Le grand risque d’un embargo européen, c’est de voir les vingt à vingt-cinq grands acteurs du marché quitter Anvers », estimait Tom Neys, le porte-parole de l’Antwerp World Diamond Centre, au journal Le Soir. Et de voir ainsi l’ensemble du marché se déplacer vers l’Asie, avant que les diamants russes ne reviennent en Europe, via le commerce au détail. Ce qui serait plus douloureux pour nous que pour Moscou.
- Le gouvernement De Croo a donc voté la semaine dernière, à l’unanimité, une résolution visant une interdiction par l’Union européenne du commerce direct et indirect des diamants venus de Russie, qu’ils soient bruts ou taillés. Et ce dans un système concerté et étendu au niveau du G7.
- Une manière de rendre les diamants du Kremlin indésirables sur l’ensemble du marché, dont 70% des produits finis sont vendus dans les pays du G7. À condition toutefois de mettre en place un système de traçage efficace.
- Un domaine dans lequel, là aussi, la Belgique est allée de l’avant : en mars dernier, l’entreprise wallonne iTraceiT avait mis au point un véritable passeport biométrique pour les diamants, sur base de codes QR et d’informations certifiées sur une blockchain. Une technologie qui, si l’on en croit les sept grandes puissances économiques, est promise à un bel avenir.