Développement durable: les entreprises peuvent-elle vraiment jouer un rôle prépondérant?

Le bilan amené par le monde de la recherche est partagé

En septembre 2015, les Nations Unies ont adopté les nouveaux Objectifs de Développement Durable (ODD). Ces derniers ont remplacé les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), qui ont été la clé de voûte du développement mondial pendant une décennie. Les ODD, en comparaison à leurs ainés les OMD, rassemblent davantage d’objectifs et des ambitions plus conséquentes, du moins en apparence.

Les 17 ODD, approuvés par les 193 états des Nations Unies, ciblent 169 sujets et couvrent une période de 15 ans s’étalant jusqu’à 2030. « Contrairement aux OMD, les entreprises ont finalement été admises à bord et considérées comme des parties prenantes à la solution » affirme Giles Gibbons, entrepreneur social et fondateur de Good Business.

Les entreprises ne sont plus considérées comme des « méchantes ». Le discours à leur égard semble changer: chercher le profit n’est plus perçu comme incompatible avec le progrès.

Cependant, le bilan est mitigé quant à la capacité des entreprises à être les garantes de la réalisation des objectifs internationaux. Un an après le lancement des ODD, une nouvelle recherche dirigée par la société de conseil en durabilité Corporate Citizenship révèle que la plupart des entreprises n’ont encore mis en place aucune actions tangibles capables de répondre aux ODD. De plus, la même étude met en exergue le fait que le manque d’action de la part des entreprises envers ces objectifs mondiaux alimente le problème de confiance dont sont empreints les consommateurs, et particulièrement ceux que l’on surnomme les milléniaux.

D’après le rapport de l’Ethical Corporation’s State of Responsible Business 2016, moins de la moitié des multinationales prévoient de tenir compte de ces objectifs.

Pourtant, l’implication du secteur privé est crucial pour permettre aux pays d’apporter des solutions aux ODD. Giles Gibbons est optimiste. Il pense que les entreprises ont les moyens de bousculer les règles du jeu et que nous savons déjà entrevoir les signes précurseurs du changement. Le challenge pour les entreprises reste cependant de trouver des solutions innovantes en matière de collaboration pour aider à résoudre les enjeux mondiaux, et de réfléchir à de nouvelles sources de partenariats.

D’une façon plus générale, les entreprises ont besoin d’identifier quels ODD sont de leur ressort et à quel niveau elles peuvent intervenir pour apporter les solutions les plus profitables, suggère-t-il. Les ODD peuvent-ils parvenir à s’immiscer parmi les objectifs et les décisions d’investissement clés des entreprises?

Un rapport réalisé par la société en management du risque DNV GL met en lumière 17 sociétés (dont Unilever, Siemens, Marks & Spencer et Danone) prenant des mesures face à certains ODD, et conclut que ce type d’entreprises est prêt à mettre en place des ‘mesures exceptionnelles’ pour aider à l’accomplissement de ces objectifs.

Un conseil consultatif des entreprises chapeauté par les Nations Unies sera lancé en septembre, accompagné d’un site web, lequel fournira aux entreprises un guide leur expliquant pas-à-pas comment aborder le programme post 2015. La Chambre Internationale de Commerce a également lancé un guide pour aider les entreprises à réaliser les ODD.


Giles Gibbons discutera des challenges et des opportunités pour les entreprises à répondre aux enjeux mondiaux le mercredi 7 décembre 2017 à Bruxelles à l’occasion du salon Full Circle. Plus d’information ici: http://fullcircle.eu/events/giles-gibbons/