Des personnes âgées qui votent (très) à droite face à des jeunes tous derrière Mélenchon ? Pourquoi c’est un peu plus complexe

Les réactions pleuvent sur les réseaux sociaux alors que les résultats du premier tour de l’élection présidentielle française sont dorénavant certains. Et pour une large majorité des commentateurs, français ou non, c’est la déception qui domine alors que l’abstention a atteint des scores énormes et que les trois plus importants candidats, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, et Jean-Luc Mélenchon se retrouvent dans un mouchoir de poche de quelques points de pourcents.

Ce sont particulièrement les partisans de ce derniers qui ont « le seum » pour reprendre une expressions utilisées par certains analystes pour décrire l’état d’esprit d’une large part de l’électorat français. Ceux-ci digèrent mal de voir leur favori manquer de peu une place au second tour : il manque un peu plus de 500.000 voix à Jean-Luc Mélenchon pour passer devant la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen. Pour ceux qui avaient voté pour le candidat de La France Insoumise, que ce soit par conviction profonde ou par choix du « vote utile », le ressentiment est donc profond envers ceux qui ont glissé un autre bulletin de gauche dans l’urne, pour Fabien Roussel (PCF), Anne Hidalgo (PS), ou encore Yannick Jadot (EELV).

Le « seum » de la gauche

D’autres encore sont virulents envers toute une classe d’âge : les personnes plus âgées, des fameux boomers aux retraités. Ceux-ce se voient collectivement accusés d’avoir massivement favorisé le président sortant et la candidate d’extrême droite de tout leur poids démographique, bloquant ainsi le candidat (septuagénaire) des jeunes et du changement.

Il y a un fond de vérité dans ce présupposé : les électeurs les plus âgés ont rarement voté pour le candidat de gauche. Mélenchon fait 17% auprès des 60-69 ans, et seulement 9% pour la tranche des 70 ans et plus. Contre respectivement 30% et 41% pour Emmanuel Macron : ce sont véritablement les seniors qui ont fait passer le président sortant au second tour.

Macron, le président du troisième âge

Ce qui est plus nuancé par contre, c’est le vote des autres catégories d’âge ; les jeunes ont voté en nombre pour le candidat LFI, certes, avec 31% parmi les 18-24 ans et 34% chez les 25-34 ans. Mais Marine Le Pen s’en sort très bien aussi dans ces catégories d’âge, avec respectivement 26 et 25%, soit plus que Macron. Au-dessus de 35 ans, c’est même la candidate d’extrême-droite qui arrive en tête. En fait, il n’y a que dans les deux catégories les plus âgées que le président sortant dépasse ses concurrents.

Si Emmanuel Macron est réélu pour un second mandat, on pourra dire qu’il s’agit de celui du troisième âge, qui aura installé l’homme de 44 ans à l’Élysée pour cinq ans de plus. Mais prétendre que les jeunes sont tous mélenchonistes reste faux ; eux aussi cèdent aisément aux sirènes de l’extrême ; moins toutefois que leurs parents. Ce premier tour est donc marqué de l’ombre de la pyramide des âges, certes ; mais les conclusions à en tirer sont plus nuancées qu’un simple conflit des générations.

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