Squid Game est la série la plus populaire sur Netflix, mais la fiction sud-coréenne ne peut pas être regardée partout dans le monde. En Corée du Nord, Netflix, comme tous les médias étrangers, est interdit. Pourtant, les habitants du pays trouvent le moyen de regarder la série. Bien que cela puisse avoir des conséquences dramatiques.
Si vous faites partie des plus de 142 millions de personnes qui ont vu Squid Game sur Netflix, c’était bien sûr facile. Il suffisait d’un abonnement au service de streaming pour pouvoir commencer à regarder. Mais ce n’est pas aussi aisé ailleurs.
Clés USB de contrebande
En Corée du Nord, qui est le seul pays frontalier de la Corée du Sud, il est impossible de regarder Squid Game sur Netflix, car le service ne fonctionne pas dans ce pays. Les téléchargements illégaux y sont également impossibles, et les habitants doivent avoir recours à des moyens bien plus complexes.
Un habitant de Pyongsong, en Corée du Nord, a témoigné auprès de la section coréenne de Radio Free Asia des versions passées en contrebande de la série populaire de Netflix. « Squidgame est entré dans le pays par le biais de dispositifs de stockage tels que les clés USB et les cartes SD, qui sont introduits clandestinement dans le pays par bateaux », a-t-il déclaré.
« Une histoire à laquelle s’identifient les Nord-Coréens »
Ainsi, même si les Nord-Coréens doivent se donner beaucoup de mal pour regarder la série, ceux-ci peuvent largement s’y reconnaître. « Le contenu est similaire à la vie des personnes bien placées qui vivent dans la capitale nord-coréenne. Ils livrent chaque jour une bataille de vie ou de mort sur le marché des changes. Ils voient des parallèles avec leur propre réalité dans l’intrigue de Squid Game. Ils peuvent être exécutés à tout moment si le gouvernement estime qu’ils gagnent trop d’argent. Ce faisant, ils servent d’exemple à d’autres qui gagnent trop, tandis que les fonctionnaires eux-mêmes continuent de gagner des sommes colossales. »
Mais en outre, les Nord-Coréens les plus pauvres peuvent également s’identifier à l’histoire de Sae-byeok/067 (Jung Ho-yeon), réfugié nord-coréen, dans Squid Game. En effet, de nombreux jeunes Nord-Coréens espèrent également fuir un jour le pays et se construire un avenir meilleur en Corée du Sud.
Amendes, prison ou peine de mort
Squid Game a été introduit clandestinement en Corée du Nord via des clés USB et des cartes SD, qui ont ensuite été distribuées dans tout le pays. Tout cela devait se faire dans le plus grand secret, car en Corée du Nord, la consommation de divertissements en provenance de Corée du Sud est sévèrement punie. Cela inclut les films, les séries et la musique de Corée du Sud, la K-pop.
En janvier, le gouvernement nord-coréen a annoncé que toute personne consommant des divertissements en provenance de Corée du Sud pourrait être punie d’une amende, d’une peine de prison ou même de la mort. Quiconque regarde un film ou une série illégale pendant deux heures risque d’être envoyé dans un camp de prisonniers pendant trois ans. Par conséquent, plus de 50% des jeunes dans ces camps sont là parce qu’ils ont consommé des médias étrangers.
Mais les parents d’enfants surpris avec des médias sud-coréens peuvent également être sanctionnés. Ils peuvent être envoyés dans un camp de punition pour 15 ans. Ceux qui sont pris à faire entrer clandestinement du matériel interdit en provenance de Corée du Sud, des États-Unis ou du Japon risquent une peine de prison à vie. Si de grandes quantités sont impliquées, la peine peut même aller jusqu’à la mort.
Dans sa lutte contre le phénomène culturel qu’est devenu Squid Game, y compris dans son pays, le gouvernement nord-coréen a encore serré d’un cran la répression. Selon Insider, pour la première fois, des mineurs peuvent se retrouver condamnés au nom de la loi qui interdit l’importation et la diffusion de contenus culturels venus du monde capitaliste. C’est ce qui est arrivé à un groupe d’étudiants : au moins six d’entre eux ont été condamnés à des peines de 5 ans de travaux forcés, tandis que l’administration de leur école a été licenciée. Une personne ayant fourni le matériel a été condamné à mort, tandis qu’un autre étudiant aurait échappé à la sentence via un pot-de-vin de 3.000 dollars.