Des jeunes hommes armés de kalachnikovs sèment l’insécurité dans la rues suédoises

Les Suédois s’inquiètentde plus en plus des échanges de coups de feu dans les rues desvilles du pays. Il y a sept ans, dix-sept personnes ont été tuéespar des armes à feu en Suède. L’année dernière, le pays aété confronté à plus de 300 affrontements avec armes à feu quiont coûté la vie à plus de 40 personnes, alors que plus de 100victimes de blessures graves ont dû être hospitalisées.

Cette violence se doitprincipalement à des bandes de rue qui ont mis en place un petittrafic de drogue dans des villes comme Stockholm, Malmö etGöteborg. Les membres de ces gangs utilisent également des grenadespour s’attaquer aux postes de police.

Balkans

« Entre 2010 et 2015,en Suède, il y a eu autant de personnes tuées par des armes à feuillégales que dans le Sud de l’Italie », explique The Economist. »Bien que la Suède soit encore un endroit relativement calme,beaucoup d’observateurs estiment qu’il s’agit d’une évolutioninquiétante. »

Les bandes criminelles nesont cependant pas un phénomène nouveau en Suède. Sur le marchélocal de la drogue, des gangs de motards sont déjà actifs depuis ledébut des années 90. La mafia des Balkans s’est également immiscéesur ce marché. La concurrence entre ces groupes a déjà mené àune certain nombre d’affrontements armés.

« Mais les gangs quiémergent aujourd’hui sont moins organisés et plus enclins àcommettre des crimes mineurs », ajoute The Economist. « Pouracquérir une arme à feu légalement, il faut subir un contrôle strict.Par contre, des kalachnikovs provenant des guerres en Yougoslaviesont très faciles à trouver sur le marché noir. »

« Les trafiquantsproposent en outre aussi des grenades. L’année dernière, plus de 43incidents avec usage de grenades ont été enregistrés en Suède.Les victimes et auteurs de ces accidents sont presque toujours desjeunes hommes. »

Marché du travail

« Il est cependantdifficile d’expliquer le développement de la violence en bandes »,souligne The Economist. « L’économie suédoise se porte bien etla qualité de vie en Suède est l’une des meilleures au monde. »

« En outre, lacriminalité en Suède baisse en général. Il doit donc y avoir uneautre raison. Certains pointent du doigt la crise des réfugiés de2015. La Suède a accueilli le plus grand nombre de demandeursd’asile par habitant en Europe. » Le nombre de fusilladesavec une arme illégale a augmenté depuis la moitié des années2000.

« Les membres desbandes sont en effet des immigrants de première ou deuxièmegénération », explique Amir Rostami, sociologue auprès del’université de Stockholm. « La présence de nouveaux arrivantsdans le milieu criminel semble cependant rare. Il faut des annéesavant que les réfugiés soient suffisamment intégrés pour êtrehappés par la criminalité. »

« Dans les années1980 et 1990, la Suède a accueilli beaucoup de demandeurs d’asileprovenant de pays comme l’Irak, la Somalie et l’ex-Yougoslavie. LaSuède leur a construit des maisons et leur a enseigné la langue,mais elle n’a pas réussi à les intégrer au marché dutravail.”

« Le système deprotection sociale suédois offre une bonne éducation et desavantages importants », explique Rostami. « Mais pour lesimmigrés, il y a peu de mobilité sociale. Les syndicats puissantstiennent à des salaires élevés pour les premiers emplois. Lesentreprises trouvent qu’attirer des immigrés ayant une faibleformation et peu de connaissance de la langue n’est pas rentable. »

« Chez les habitantsnés à l’étranger, le taux de chômage est de 16%. C’est un des plushauts taux de l’OCDE. Les bandes offrent une alternative à ces jeunesgens frustrés. Ils peuvent s’y sentir comme des rois, même si cen’est que pour un jour », ajoute Rostami.

Élections

Pour s’attaquer à ceproblème, le gouvernement a décidé de mettre en œuvre des fondssupplémentaires pour l’intégration des migrants et a imposé despeines plus sévères pour les crimes commis avec des armes à feu.La police suédoise a intensifié la surveillance et la collaborationavec d’autres pays européens pour lutter contre la contrebanded’armes. En janvier, le gouvernement a créé un centre de luttecontre l’extrémisme violent.

Il faut cependantconstater que les témoins ont souvent peur de parler. Lespossibilités de la police sont limitées. Il y a deux ans, aucunmeurtre par arme à feu n’a pu être élucidé à Stockholm.

Le gouvernement suédoisespère renverser cette tendance. Le salaire des policiers a étéaugmenté. La réduction des effectifs, mise en place il  y a 3ans, a été arrêtée et la mesure a été inversée. Cetteréduction a en effet semblé correspondre avec une hausse de lacriminalité. Des agents licenciés suite à ces mesures de réductionont été réengagés.

Des résultatspréliminaires pour 2017 montrent que 30% des meurtres par arme àfeu commis à Stockholm ont été élucidés. Cependant, 100fusillades mortelles n’ont pas été résolues. « Les politicienssuédois ne peuvent plus continuer à nier ce problème alors que lesélections de septembre se rapprochent », conclut The Economist.

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