En mai dernier, Deliveroo décide d’effectuer une nouvelle levée de fonds. Au total, 575 millions de dollars sont récoltés. Le principal investisseur n’est autre qu’Amazon, ce qui a suscité pas mal de questions en termes de concurrence, allant jusqu’à l’ouverture d’une enquête qui devait se terminer en juin 2020. L’excuse de la crise du coronavirus est toute trouvée pour l’interrompre.
Décembre 2019. L’autorité britannique de la concurrence (CMA) décide d’ouvrir une enquête. Dans son viseur, l’investissement d’Amazon dans Deliveroo en mai dernier lui permettant d’entrer dans le capital de l’entreprise de livraison, à environ 16%, révélait le Guardian. Les deux autres principaux investissements proviennent des investisseurs historiques pour un total de 575 millions de dollars; à savoir T. Rowe Price, Fidelity Management and Research Company, ainsi que Greenoaks.
Que reprochait la CMA à cette entrée dans le capital du géant américain ? En substance, des craintes sur des prix plus élevés et des services de moindre qualité pour les consommateurs, restaurants et épiceries.
Suite à la première partie de l’enquête, la CMA estimait que la transaction posait également ‘de sérieux problèmes de concurrence’ pour le secteur de la livraison de repas et aliments, déjà très étriqué avec 3 acteurs : Deliveroo, UberEats et Just Eat.
Les connaissances, l’expertise et les moyens logistiques d’Amazon sont faramineux. Et puis Amazon n’a jamais caché vouloir faire son entrée dans la livraison alimentaire. C’est d’ailleurs déjà le cas avec ‘Amazon Restaurants’ depuis 2016 aux États-Unis. L’expérience a aussi été testée au Royaume-Uni, mais très vite abandonnée suite à une concurrence trop féroce avec un certain… Deliveroo.
Le coronavirus tombe à pique
Voilà pour le contexte. Vendredi dernier, Business Insider a révélé que des voix se sont élèvées au sein de Deliveroo pour faire cesser cette enquête en plein contexte de crise sanitaire.
Ils jouent sur la corde sensible: ‘Nous essayons de fournir de la nourriture et des médicaments à des personnes affaiblies et, pendant ce temps, la CMA fait comme si de rien n’était.’
‘La déconnexion est frappante entre l’urgence de la situation pour l’industrie et le manque de compréhension de la CMA. Nous sommes dans une situation a exceptionnelle.’
Le message semble avoir été partiellement entendu par l’autorité de la concurrence. Elle compte en tout cas donner plus de temps aux différentes entreprises concernées par une enquête pour rassembler les informations nécessaires. Mais elle compte garder ses propres deadlines.
Au-delà, Deliveroo veut convaincre que ‘cet investissement minoritaire renforcera la compétition, en aidant les restaurants à renforcer leur business, et en accroissant les opportunités pour les coursiers et les clients’.
Il faudra en faire la preuve.