Le 9 mai fait figure de seconde fête nationale en Russie, ainsi que dans quelques autres pays issus de la dissolution de l’URSS : il marque la capitulation de l’Allemagne et la victoire sur le nazisme, en général commémoré le 8 mai en occident – ainsi qu’en Ukraine, depuis 2014. Cette année, l’événement était particulièrement attendu, alors que la Russie a tenté d’envahir l’Ukraine, avec peu de succès jusqu’à présent. Tous les regards étaient donc braqués sur Vladimir Poutine et sur ce qu’il allait dire pour l’occasion.
Le Président russe a directement comparé la lutte contre le nazisme à la guerre en cours en Ukraine : « Cette journée de la victoire est très chère pour nous. Nous sommes fiers de cette génération de vainqueurs, nous sommes leurs héritiers. C’est la même chose maintenant. Vous vous battez pour notre peuple dans le Donbas, pour la sécurité de notre patrie. Le jour de la victoire est inscrit dans chacun de nos cœurs. Il n’y a aucune famille en Russie qui n’a pas été brûlée par la Grande Guerre patriotique. Nous sommes fiers de la génération des vainqueurs. »
Le président russe a, pour une fois, mentionné l’effort de guerre des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France dans la défaite finale du nazisme en 1945, mais il a aussi martelé que, l’année passée, l’occident préparait ouvertement une attaque contre le Donbas et la Crimée, et des appels à recevoir de l’armement nucléaire étaient lancés à Kiev, créant ainsi « une menace inacceptable à notre frontière ». Il a accusé les États-Unis et « leurs sous-fifres » d’être à l’origine de cette menace, et « le danger grandit chaque jour ».
Minute de silence
La parade a observé une minute de silence en hommage aux pertes russes. Poutine a ensuite déclaré que les pertes subies par les forces militaires russes sont « une tragédie pour nous tous » mais « une perte irremplaçable pour leurs familles ». Il a souhaité un prompt rétablissement aux soldats et officiers blessés et a déclaré qu’il avait signé aujourd’hui un décret afin d’apporter un « soutien crucial » aux « enfants des camarades tombés au combat. »
Le président russe a mis l’accent sur le caractère multi-ethnique du pays, et en particulier de son armée : « Nous nous rappelons comment l’ennemi de la Russie a essayé d’utiliser contre nous les gangs du terrorisme international. Ils ont essayé de semer l’inimitié internationale et religieuse pour nous briser, pour nous affaiblir de l’intérieur, mais ils ont échoué. Aujourd’hui, nos guerriers de différentes ethnies se battent ensemble dans la bataille. Ils se protègent mutuellement des balles, des fragments et des éclats d’obus, vraiment comme des frères, et c’est la force de la Russie. La force imbattable de notre nation multiethnique. »
Pas de déclaration de guerre
Pas de grandes annonces, et même un étonnant appel à la mesure : « Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour que cette guerre globale ne se reproduise pas », a déclaré Vladimir Poutine, faisant référence à la Seconde Guerre mondiale. Contrairement à ce qui était attendu, il n’a pas annoncé de nouvelle orientation militaire ou politique, alors que certains observateurs s’attendaient à une véritable déclaration de guerre à l’Ukraine, qui permettrait de décréter la mobilisation générale en Russie.
Son discours était également dépourvu de menaces d’utilisation d’armes nucléaires, alors que les Occidentaux se sont récemment inquiétés de la rhétorique de Moscou sur ce sujet dangereux. Mais rien n’indiquait non plus que Poutine prévoyait une désescalade du conflit.