Après Evergrande, d’autres groupes immobiliers chinois commencent à connaître des soucis de liquidités et de remboursement de dettes. Yuzhou et Shimao, jusque-là considérés comme sains, demandent des reports, sans quoi ils seraient en défaut de paiement. Est-ce que le secteur immobilier, qui représente 30% du PIB chinois, commence à être malade?
Le géant Evergrande, déjà en grande difficulté financière, rencontre ce jeudi des détenteurs d’obligations au sujet d’un vote pour approuver le prolongement d’un délai de paiement, sur une dette chinoise à hauteur de 4,5 milliards de yuans (620 millions d’euros). L’entreprise vise un prolongement de six mois.
Au même moment, d’autres groupes commencent également à devoir repousser des délais. Shimao et Yuzhou rencontrent des créditeurs pour discuter un rallongement, sinon ces deux groupes risques de se retrouver en défaut de paiement.
Reuters a pu consulter des documents concernant la dette de Shimao. Il s’agit de deux dettes qui ont des actifs en garantie, pour un total de 1,17 milliards de yuans (160 millions d’euros). Le paiement était dû pour la fin du mois, mais Shimao veut le reporter jusqu’à la fin de l’année, tout en payant des parties jusqu’à cette date. La semaine dernière déjà le groupe, jusque-là vu comme le plus sain, avait annoncé avoir manqué un paiement sur une dette de 101 millions de dollars.
Yuzhou, de même, a demandé de reporter le paiement de deux obligations en dollars d’un an. Elles étaient dues pour la fin du mois, et valent 582 millions de dollars au total. A défaut du report, le groupe serait en défaut de paiement. Le groupe attend des paiements à hauteur de 110 millions de dollars, qui sont en retard, mais devraient être reçus en février au plus trad.
En total, le groupe doit 4,5 milliards de dollars, sur des obligations. Là aussi, il commence à discuter des conditions de report, pour éviter que trop de détenteurs d’obligations demandent leurs remboursement en même temps, et que le groupe se retrouve en défaut de paiement.
Signes précurseurs d’une plus grande crise?
Jusque-là, la situation d’Evergrande, et celle de Kaisa dans une moindre mesure, avait été vue comme exceptionnelle, sans risques de contamination sur le reste du secteur immobilier. La Chine notamment défendait cette ligne. Le secteur représente environ 30% du PIB de la République populaire.
Mais est-ce que le marché commence à montrer des signes de maladie? Selon Reuters, des années de restrictions sur la prise de crédits ont amené les entreprises à un manque de liquidités aujourd’hui. Les cotes des actions et des obligations en ont également pâti, car les investisseurs commenceraient à avoir moins confiance.
La Banque mondiale craint que des contaminations de l’économie chinoise en général soient possibles, si le ralentissement du secteur immobilier se prolonge trop longtemps, explique-t-elle dans un rapport publié cette semaine.
28 milliards d’euros dus en début d’année
Selon Nomura, holding financière japonaise citée par Reuters, la pression devrait continuer à augmenter. Les sommes qui doivent être payées au premier comme au deuxième trimestre sont chaque fois de 210 milliards de yuans (28 milliards d’euros). Au dernier trimestre de 2021, les sommes dues étaient de 191 milliards de yuans.
On peut alors déjà observer des levées de fonds qui se multiplient. Sunac a par exemple annoncé jeudi mettre en vente des actions qui devraient rapporter plus d’un demi milliard de dollars. Selon une source proche du groupe, le groupe n’en vendrait pas davantage, et aurait assez de liquidités pour rembourser ses prochaines obligations.
Un autre groupe, Agile, a mis en gage plus de 60 millions de ses actions début janvier contre des fonds, sans indiquer le montant reçu.
Mauvais résultats en bourse
Jeudi, à la fermeture de la bourse de Hong Kong, les actions avaient toutes perdues en valeur (sur la journée). Sunac a perdu 22,6%, Agile 13,3%, Shimao 9,4%, Yuzhou 6,9% et Evergrande 3,6%.
Les cotations d’obligations négociées en bourse ont même été arrêtées temporairement. Une obligation en yuans, de Yuzhou, avait perdu 21,6% avant que la cotation ne soit arrêtée. Deux obligations de Shimao négociées à Shanghai avaient de l’autre côté gagné plus de 30%, avant que la cotation ne soit suspendue.