Une nouvelle semaine de négociations sur les accords post-Brexit s’est terminée vendredi dernier. Et les résultats sont loin d’être positifs. Pour certains, seule une prolongation des négociations permettra d’éviter une sortie sans accord.
Le négociateur pour l’Union européenne, Michel Barnier, a annoncé vendredi dernier que les négociations avec le Royaume-Uni n’avaient pas énormément avancé. Les plus gros points de tension, c’est-à-dire la frontière avec l’Irlande du Nord, l’accès aux eaux britanniques pour la pêche, la juridiction internationale et les conditions de commerce équilibrées, ne sont toujours pas résolus.
Selon les participants aux réunions, les conditions pratiques de ces négociations sont en partie responsables de leur échec. En effet, crise du coronavirus oblige, toutes les discussions se font par vidéo-conférence. ‘Vous ne voyez pas tous les visages des gens autour de la table; vous ne voyez pas le langage corporel, vous ne pouvez pas avoir de discussion en marge’, explique l’un des membres de l’équipe de négociation de l’UE.
Mais il semblerait aussi qu’il y ait surtout un manque de dialogue entre les deux parties. Chacun fait ses propositions, mais personne ne les discute vraiment. Selon Michel Barnier, ce sont les Britanniques qui ne font pas d’efforts. Mais pour plusieurs sources du gouvernement britannique, c’est l’Union européenne qui ne veut pas faire avancer les choses. L’exemple donné par le journal The Guardian est celui du respect des normes de qualité des produits qui rentrent dans les pays de l’Union. Le Royaume-Uni s’engagerait à les respecter, demandant en contrepartie de supprimer certains contrôles qui alourdissent le commerce. Mais l’Union européenne s’y opposerait, selon le quotidien britannique.
La date limite approche
D’application depuis le 1er février 2020, la période de transition doit s’achever le 31 décembre prochain. Si aucun accord n’est trouvé entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni, la circulation des marchandises, des personnes et des capitaux deviendra très compliquée pour les deux parties.
Royaume-Uni et UE espèrent voir de belles avancées dans les négociations au mois de juin. Les prochaines réunions devront donc être bien plus fructueuses… Car le 30 juin est la date limite pour que le gouvernement britannique puisse introduire une demande de prolongation de la période de transition.
Dans une interview accordée au Guardian, Norbert Röttgen, président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, a déclaré que les retards étaient déjà trop importants pour qu’un accord puisse être trouvé cette année. Pour lui, le Royaume-Uni n’a pas d’autre choix que de demander une prolongation s’il ne veut pas d’un ‘Brexit dur’.
Le problème, c’est que la crise du coronavirus accapare les esprits des dirigeants européens et britanniques. Le Brexit passe ainsi au second plan et les négociations prennent du retard.
En outre, les conséquences économiques de cette crise ne sont pas à prendre à la légère. Au Royaume-Uni, les économistes prédisent une baisse de 13% du PIB cette année. ‘Penser que l’on pourrait ajouter à cette situation extraordinaire une sortie très désordonnée n’est, selon moi, pas imaginable’, explique Röttgen.
Toutefois, le gouvernement britannique demeure pour l’instant fortement opposé à une prolongation. Cela impliquerait notamment pour lui de devoir augmenter ses contributions à l’Union européenne pour payer la poursuite des négociations.
Downing Street a déjà averti l’Europe que le Royaume-Uni pourrait quitter la table des négociations si celles-ci n’avaient pas avancé d’ici juin, et ainsi se concentrer uniquement sur son plan de sortie sans accord.