Dans les coulisses du conclave budgétaire : le lobbying des grands patrons des médias et des banques

Le contrat raboté de bpost, qui vaut pas moins de 175 millions d’euros par an d’argent public, ne fascine que très modérément la presse papier ce matin : dans plusieurs reconstitutions de la discussion budgétaire, le sujet a d’abord été légèrement abordé (en ligne) avant de disparaître complètement plus tard. Bizarre, quand on sait que des commentaires acérés dans ces mêmes journaux ont pointé du doigt la Vivaldi, pour son budget à la petite semelle : dégager de l’argent quand on est directement concerné est un exercice beaucoup plus difficile. Il est apparemment tout aussi difficile d’en rendre compte.

Ceux qui ont été réveillés par la nouvelle, littéralement, étaient les grandes entreprises médiatiques elles-mêmes. « Il est incroyable de voir la pression qui s’est développée dès qu’une fuite a révélé que la discussion sur le contrat de bpost était sur la table. Pas par le top de l’entreprise postale, mais par des grands éditeurs de presse de ce pays », a déclaré un ministre concerné.

« C’était vraiment improbable, tant de la part du secteur des médias que du secteur bancaire. Ils n’ont absolument pas peur d’envoyer des SMS directs », a déclaré un autre participant.

Les éditeurs francophones soutiennent depuis des années que si cette subvention disparaît, ils « tomberont », et que « la démocratie serait en danger ». Ce discours a longtemps imprégné le MR, mais avec Georges-Louis Bouchez, qui aime souvent taper sur cette même presse, est arrivé un vent nouveau : il est davantage sur la ligne de l’Open Vld, qui s’oppose avec véhémence à cette subvention depuis des années.

Pour sa part, le fait que Pierre-Yves Dermagne, seul contre tous, était si opposé à la suppression pure et simple de la subvention de 175 millions d’euros, est liée à la pression syndicale de bpost : ils étaient terrifiés à l’idée que la suppression de cette subvention mette en danger quelque 2 000 emplois chez le géant postal. Les libéraux ont répété toute la nuit que ces emplois ne disparaitrait pas complètement : « Les gens voudront toujours leur journal dans leur boîte aux lettres, et quelqu’un devra le faire « , mais Dermagne a balayé cet argument.

« En fin de compte, c’est De Sutter (Groen), qui est la ministre en charge de bpost, qui l’a joué très correctement et a contribué à faire le compromis. Mais le PS a vraiment fait cavalier seul, car tout le monde se rend compte que cette subvention est dépassée [par le numérique] », résume une personne impliquée.

Au final, le subside accordé à bpost et donc aux titres de presse périodique sera diminué de 50 millions d’euros, et pas supprimé. Concernant les banques, elles se battaient contre la baisse de la déductibilité de la taxe bancaire.