Crise migratoire et attaques hybrides : L’UE envisage de bannir de son sol les compagnies aériennes impliquées

Face au nouveau type de menace que la Biélorussie fait peser sur l’Europe en instrumentalisant des migrants, l’Union réagit. Elle compte renforcer son arsenal juridique afin de s’en prendre directement aux compagnies qui achemineraient encore des migrants vers la Biélorussie ou qui leur feraient briguer une entrée facile dans l’UE.

Alors que la crise humanitaire provoquée par l’instrumentalisation de migrants par le pouvoir biélorusse pour déstabiliser les pays frontaliers semble se résorber, mais que la situation reste très tendue à la frontière polonaise, l’Union européenne ne compte pas en rester là. l’UE vient de publier un projet de loi qui ferait peser de lourdes conséquences sur les compagnies aériennes qui auraient permis au gouvernement de Minsk de véritablement importer des candidats à la migration venus d’Afrique ou Moyen-Orient afin de les lâcher sur ses frontières orientales.

Une brèche -juridique- à combler

Le texte ne mentionne toutefois pas explicitement la Biélorussie : l’Union compte aussi imposer de nouvelles sanctions au pays, mais son arsenal légal existant ne lui permet pour l’instant de s’en prendre qu’à une nation précise et à ses compagnies nationales. L’UE veut donc combler une lacune juridique, et ainsi pouvoir sanctionner des compagnies aériennes indépendamment de leur pays d’origine.

Ylva Johansson, commissaire européenne chargée des Affaires intérieures, a déclaré que cette loi était nécessaire pour faire face à une situation sans précédent. Selon elle, le président biélorusse Loukachenko « essaie de vendre des billets pour l’Union européenne », en faisant payer aux gens entre 10 000 et 20 000 euros pour un aller simple à Minsk et la poursuite du voyage jusqu’à la frontière européenne. « Nous estimons qu’il est nécessaire de s’adresser directement aux agences de voyage qui, la plupart du temps sans le vouloir, font partie d’un système de contrebande parrainé par un État et orchestré par un régime désespéré et non-démocratique. »

Des avions bannis d’Europe

Le projet de loi rendrait possible de bannir des compagnies de l’espace aérien européen, ou de leur interdire d’atterrir et de faire le plein sur des aéroports de l’Union, selon The Guardian. Mais dans l’état, il ne prévoit aucune nuance de traitement entre des compagnies complices, et d’autres qui auraient été impliquées contre leur gré dans ce genre de trafic d’êtres humains. Cette proposition doit encore passer l’approbation des ministres européens.

Plusieurs compagnies aériennes, comme Turkish Airlines et Iraqi Airways, on déjà établi des restrictions sur leurs vols en direction de Minsk dès qu’il est apparu clair que quelque chose d’étrange se tramait, et que les gouvernements européens ont demandé à leurs confrères orientaux d’agir à la source pour empêcher ces départs.

la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que la situation à la frontière orientale de l’UE n’était « pas une crise migratoire, mais une tentative d’un régime autoritaire de tenter de déstabiliser ses voisins démocratiques ». Ces migrants sont trompés par de terribles fausses promesses. Nous devons lutter contre cela et c’est pourquoi nous souhaitons établir une liste noire pour tous les modes et moyens de transport sur la base de la législation internationale. »

Elle a exhorté les députés européens à soutenir les propositions afin qu’elles soient approuvées le plus rapidement possible. Il faut dire que dans certains pays de l’est et du nord de l’Union, ont craint d’être la prochaine cible de ce genre « d’attaque hybride » utilisant la détresse humaine comme arme.

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