« La crise énergétique et économique est terminée » en Allemagne, selon le président de la Bundesbank… Vraiment ?

Le FMI prévoit une – petite – récession en Allemagne avant une reprise en 2024, mais le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, estime qu’on peut encore l’éviter et que la fin de la crise énergétique va soulager son pays. À moins, bien sûr, que le retrait allemand du nucléaire ne plonge le pays dans une nouvelle phase de marasme. Au grand dam tant de l’économie que des objectifs climatiques.

Pourquoi est-ce important ?

L'Allemagne a longtemps été le cheval de trait qui tirait toute l'économie européenne. Mais depuis le début de la crise énergétique, l'attelage n'est plus aussi stable : le pays a constaté sa propre dépendance énergétique, en particulier aux sources fossiles importées. Et malgré les plutôt bons présages du secteur bancaire et du Fonds monétaire international, l'impact du retrait du nucléaire se fait encore attendre au prochain tournant.

Dans l’actualité : le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, estime que la période d’inquiétude économique de l’Allemagne s’achève enfin.

  • LE FMI a publié ce mardi ses prédictions sur l’avenir économique de l’ensemble de l’Europe ; dans le cas de l’Allemagne, il s’attend à une contraction du PIB de 0,1 % en 2023, ce qui en ferait le deuxième plus mauvais élève des grandes économies derrière le Royaume-Uni.
  • L’institution monétaire estime toutefois qu’après cette courte récession, l’économie allemande redémarrera, avec une croissance de 1,1 % en 2024.
  • Nagel, lui, est plus optimiste et estime que son pays pourra échapper à toute récession cette année.

« L’économie allemande a fait ses preuves ces dernières semaines et ces derniers mois, la capacité d’adaptation de l’industrie allemande est assez élevée, la crise énergétique est plus ou moins résolue. Nous avons donc connu une situation très préoccupante par le passé, mais elle est maintenant terminée et les perspectives sont bonnes. »

Joachim Nagel, auprès de CNBC

L’Allemagne ferme le nucléaire et ouvre les vannes à carbone

La crise énergétique terminée ? Ça reste à prouver. Si la fin de l’hiver – qui fut plutôt doux – soulage de nombreux pays européens qui craignaient les pénuries, l’Allemagne débranchera ses trois dernières centrales nucléaires ce samedi. Elle perdra ainsi 4 GW supplémentaires de sa production nationale d’électricité. Et il faudra bien les compenser.

  • Les conséquences d’une telle décision ne font pas l’unanimité au Bundestag ; les écologistes allemands – qui défendaient bec et ongles la fermeture – estiment qu’à terme, le prix de l’électricité baissera dans le pays.
  • Mais pour Peter Adrian, président de la Chambre allemande de l’Industrie et du Commerce, c’est tout l’inverse : des pénuries redeviennent possibles et il faut s’attendre à une forte hausse des prix à court terme. De quoi freiner l’économie allemande et contredire les prédictions optimistes du président de la Bundesbank.
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