La société énergétique Électricité de France (EDF), en passe d’être nationalisée par Paris, annonce une perte historique de 5 milliards d’euros pour le premier semestre 2022. Elle cite le déclin de la production nucléaire comme cause.
L’entreprise énergétique française EDF a émis aujourd’hui un nouvel avertissement sur ses bénéfices, rapporte l’agence de presse Reuters. En raison d’une baisse du rendement du secteur nucléaire, l’entreprise publique a subi une perte nette de 5,29 milliards d’euros au premier semestre 2022. Ces chiffres sont douloureux, d’autant plus que l’entreprise réalisait un bénéfice de 4,17 milliards d’euros un an plus tôt. Le chiffre d’affaires a néanmoins fortement augmenté pour atteindre 66,2 milliards d’euros, contre un peu moins de 40 milliards d’euros un an plus tôt.
EDF a déclaré qu’elle estimait désormais à 24 milliards d’euros l’impact négatif de la baisse de la production nucléaire sur son revenu de base pour 2022, un chiffre plus important que les 18,5 milliards d’euros supposés précédemment.
La moitié du parc de réacteurs nucléaires hors service
La production atomique de 361 térawattheures de l’entreprise représentait 69 % de la production d’électricité de la France en 2021, mais elle tombera cette année à son niveau le plus bas depuis plus de trois décennies, rapporte le site d’information Bloomberg. La production ne se rétablira pas non plus complètement l’année prochaine, selon le rapport.
La moitié du parc de 56 réacteurs nucléaires est actuellement hors service. Cela est dû à un entretien et à des réparations supplémentaires (il y a pas mal de petites fissures dans des conduites importantes) dans une douzaine de réacteurs, combinés à un entretien régulier dans d’autres unités. Le temps chaud de ces dernières semaines est également cité comme une raison de l’arrêt de certains réacteurs. EDF doit réduire, voire arrêter, les activités des centrales nucléaires lorsque les températures des rivières environnantes deviennent trop élevées car l’eau des cours d’eau est essentielle au refroidissement des centrales électriques.
En outre, le gouvernement français a plafonné les prix de l’électricité pour protéger les consommateurs français contre les factures d’énergie excessives (qui auraient pu à leur tour susciter des protestations de type Gilets jaunes). Mais il a ainsi obligé EDF à acheter de l’électricité sur le marché à des prix records et à la vendre à bas prix à ses concurrents.
Le groupe énergétique a suggéré dans un communiqué que le conflit ukrainien a entraîné « des tensions extrêmes sur le marché de l’électricité dans un contexte de baisse de la production nucléaire en 2022, nécessitant des achats importants sur le marché. »
Nationalisation
Les mauvais résultats d’EDF surviennent alors que le gouvernement français s’apprête à nationaliser complètement l’entreprise, en rachetant 16 % des actions qu’il ne possède pas encore d’ici la fin du mois d’octobre. Cette mesure vise à rationaliser le processus décisionnel et à permettre à l’entreprise d’investir dans de nouvelles centrales nucléaires, afin de garantir l’approvisionnement énergétique de la France.
La ligne directrice, selon le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire, est le plan annoncé par le président Emmanuel Macron en février dans la ville de Belfort : la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires de la nouvelle génération (de type EPR2, ou European Pressurized Reactor) d’ici 2050, plus la préparation éventuelle de huit autres.
(JM)