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Les solutions traditionnelles ne marchent pas : en quoi la crise actuelle de la croissance en Chine est différente des précédentes

Les solutions traditionnelles ne marchent pas : en quoi la crise actuelle de la croissance en Chine est différente des précédentes
Getty Images

Au début de l’année, le gouvernement chinois annonçait triomphalement à la fois la fin des restrictions les plus sévères pour lutter contre la pandémie, et le retour d’une croissance économique à outrance. Mais huit mois plus tard, celle-ci ne décolle toujours pas. Et le pays a déjà brûlé ses cartouches les plus efficaces dans le passé pour relancer la machine.

L’économie chinoise ne va pas bien, et si le gouvernement a décidé de pousser sous le tapis les chiffres du chômage des jeunes, il ne peut pas le faire avec tous les indicateurs économiques d’un coup. L’objectif officiel de croissance « d’environ 5% » annoncé en mars semble difficilement tenable. La Chine connaitra une croissance supérieure à celle de nombreux autres blocs économiques bien sûr, celle des USA étant par exemple estimée entre 1,1% et 2%. Mais Pékin investit 40% de son PIB par an, contre la moitié pour Washington, relève Reuters.

Ce n’est pas la première fois que la croissance chinoise est en berne : la crise de 2008-2009 avait fait craindre un épisode de récession. Il a été surmonté grâce à la spéculation immobilière et à l’investissement massif dans de grands chantiers. Mais ces outils habituels du Parti unique pour remettre une pièce dans la machine ne fonctionnent pas cette fois-ci : les dettes sont lourdes, et les bulles ont déjà éclaté.

Belt and Road : une affaire de dettes

Dix ans après son lancement officiel, l’initiative Belt and Road, une série de projets d’infrastructure de grande envergure en Chine et ailleurs, n’a pas vraiment achevé grand-chose. À part engloutir 962 milliards de dollars, dont 573 milliards de contrats de construction et 389 milliards d’investissements non financiers, selon un rapport de l’université Fudan de Shanghai.

  • Ces dettes calment tout désir gouvernemental de se lancer dans d’autres grands travaux pour relancer l’économie, même si cet argent a parfois été avancé par les pays partenaires de la Chine.
  • Ceux-ci ont donc contracté des dettes – bien souvent auprès de la Chine, justement. C’est toutefois un facteur de risque, car si Pékin prête à des taux léonins, un défaut de paiement reste toujours possible.

Un immobilier qui tangue encore

  • Le marché immobilier chinois représente environ un quart de l’activité économique du pays. Mais il ne s’est pas remis de l’épisode Evergrande, quand le deuxième plus gros promoteur immobilier s’est retrouvé en défaut de paiement.
  • La semaine dernière, c’est Country Garden, un autre des plus grands promoteurs chinois, qui a manqué deux paiements de coupons sur des obligations en dollars. De quoi faire craindre un nouveau cycle de faillites monstrueuses.
  • Sans surprise, les Chinois sont devenus frileux quand il s’agit d’avancer l’argent pour un logement. Ce qui freine la reprise : « Avec cette confiance vacillante, le secteur immobilier privé restera probablement un frein à la croissance du pays pour le reste de l’année », estimaient ainsi les analystes du Rhodium Group la semaine dernière.

Une consommation intérieure qui ne décolle pas

  • Les Chinois ont subi de plein fouet la pandémie, avec des mesures de confinements très strictes et des périodes de chômage forcé. Mais ils n’ont pas bénéficié de tant d’aides étatiques que dans les pays occidentaux, tant s’en faut – un comble dans un régime communiste.
  • Conséquence : ils sont plus pauvres qu’avant, en moyenne, et ont réduit leur consommation. Or, c’est justement de dépenses accrues qu’aurait bien besoin l’État pour stimuler ses entreprises.
  • D’autant plus que le chômage est élevé, même si l’Office national des Statistiques a tout d’un coup décidé de ne plus publier les données. En juin il était de 4,82% à l’échelle nationale, mais de 5,2% dans les villes, et il culminait à 21,3% pour les plus jeunes. Qui sont d’autant moins susceptibles de dépenser, encore moins d’investir dans un logement.

Une politique interventionniste pour soutenir les ménages ?

La Chine peut-elle éviter de s’enfoncer dans la déflation, soit une baisse de la consommation telle que les prix baissent ? Il faudrait relancer la consommation intérieure, en pomper de l’argent en bas de la pyramide pour espérer le voir remonter. Ce peut passer par un relèvement des salaires, ou des chèques à la consommation. Mais aucune mesure de ce genre n’a été encore évoquée par le Parti.

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