La Moldavie pourrait être la prochaine victime du dictateur russe Vladimir Poutine. Le pays craint en effet un coup d’État pro-russe. Les dirigeants actuels seraient ainsi remplacés par des loyaux du Kremlin. Des pistes du renseignement montrent que des « personnes avec une expérience militaire » devaient infiltrer un match de football organisé en Moldavie et créer des émeutes. Le danger : le match doit encore être joué. Coup d’envoi ce jeudi soir (désormais à huis clos).
L’armée de l’ombre : un potentiel coup d’État pro-russe en Moldavie déjoué. Le risque reste pourtant présent

Pourquoi est-ce important ?
Il y a un an, les risques d'invasion de l'Ukraine par la Russie n'étaient pas vraiment pris au sérieux en Europe. L'Occident va-t-il répéter la même erreur maintenant que la menace semble planer sur la Moldavie ?Dans l’actu : risque de coup d’État orchestré par la Russie en Moldavie.
- Vendredi, le gouvernement moldave a démissionné, après le survol du pays par un missile russe. L’espace aérien a été fermé durant quelques heures ce mardi.
- La semaine dernière, le président de l’Ukraine Zelensky, en visite au Parlement européen, a prévenu son pays voisin que la Russie préparerait un coup d’État, afin de remplacer le gouvernement pro-européen avec des politiques pro-russes.
- Pour mémoire, le pays de 2,5 millions d’habitants qui se trouve à la frontière de l’UE (au nord de la Roumanie), a aussi une zone séparatiste pro-russe, la Transnistrie.
Match de foot
Les détails : il y a aujourd’hui plus de détails sur une manière dont un coup d’État aurait pu se passer.
- « Une histoire surréaliste ! Le gouvernement moldave affirme qu’il disposait d’informations solides suggérant que plusieurs divisionnistes devaient être intégrés dans les groupes de supporters du Partizan Belgrade avant le match contre Sheriff. Tout cela faisait partie d’un plan visant à renverser le gouvernement pro-UE de Moldavie… », écrit le journaliste roumain Emanuel Rosu dans un fil sur Twitter.
- Le Partizan Belgrade et le Sheriff Tiraspol se rencontrent ce jeudi dans le cadre la Conference League, une compétition européenne organisée par l’UEFA. Les supporters serbes ont été interdits de se rendre sur le territoire moldave, ajoute Rosu. Le match se jouera à huis-clos.
- Selon Rosu, le renseignement moldave a eu vent de ce plan. La présidente moldave Maia Sandu confirme les soupçons : « Le plan était de changer le gouvernement. Des personnes ayant un passé militaire étaient censées déclencher les émeutes. Nous avons reçu de nos partenaires ukrainiens d’importants rapports de renseignement nous informant de ce qui allait se passer. »
Des hooligans serbes pro-russes
Le contexte : c’est une probabilité.
- Ce plan, bien qu’il reste à confirmer, parait probable.
- On peut en tout cas imaginer que les « personnes infiltrées avec un passé militaire » qui auraient déclenché des émeutes afin de renverser le gouvernement n’auraient pas été les seules. Les supporters serbes auraient certainement pu participer.
- Dans son livre 1312 : Among the Ultras (1312 : Parmi les ultras, en français), le journaliste britannique James Montague dépeint longuement les supporters serbes. Ils peuvent prêter main forte aux politiques, par exemple pour « intervenir » dans des manifestations. Certains d’entre eux ont d’ailleurs combattu dans les différents conflits des Balkans. D’autres sont partis en Ukraine, après le Maïdan en 2014, pour combattre du côté des séparatistes pro-russes.
- En consultant les pages Instagram dédiées aux Grobari (« croque-morts » en serbe, surnom qui vient du maillot noir et blanc du club), le noyau dur des supporters du Partizan, on peut s’apercevoir que le drapeau russe revient régulièrement sur les photos. La photo en tête du présent article, prise en avril 2022, est également édifiante : les Grobari hissent un drapeau serbe avec le symbole « Z », en soutien à l’invasion russe en Ukraine.
- Autre élément à considérer : quelques jours après l’invasion en Ukraine, une grande manifestation de soutien à « l’opération spéciale » de Poutine avait eu lieu à Belgrade.
À noter : est-ce qu’une émeute liée à un match de football suffit à renverser un régime ? Ce n’est pas improbable. En 1969, une guerre a éclaté entre El Salvador et Honduras. De fortes tensions de longue date entre les deux pays avaient explosé durant un match de football.
Coup d’envoi : jeudi soir
Le danger : le match n’a pas encore eu lieu.
- Les supporters ont été interdits d’entrer sur le territoire moldave et d’assister au match. Reste à voir si cela est suffisant pour empêcher les « supporters » de se rendre dans la capitale. Au contraire, cette interdiction pourrait devenir un prétexte pour se rebeller.