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« Alerte temps de guerre » : Séoul se réveille sous le son des sirènes, avec l’ordre d’évacuer. Que s’est-il vraiment passé ce matin en Corée du Sud ?

« Alerte temps de guerre » : Séoul se réveille sous le son des sirènes, avec l’ordre d’évacuer. Que s’est-il vraiment passé ce matin en Corée du Sud ?
(Chung Sung-Jun/Getty Images)

Ce mercredi matin, la Corée du Nord a tenté de placer un satellite en orbite autour de la Terre pour la première fois depuis 2016. Le lancement a échoué… et il a fait très peur à la Corée du Sud.

Dans l’actu : la Corée du Nord espérait lancer son premier satellite-espion autour de la Terre, le lanceur s’est écrasé en mer.

  • L’agence de presse d’État nord-coréenne KCNA a rapporté que le lancement avait échoué en raison de « l’instabilité du moteur et du système de carburant ».
  • L’information a ensuite été confirmée par Séoul. L’armée sud-coréenne mène actuellement une opération de sauvetage pour récupérer les débris dans la mer Jaune, le lanceur et le satellite ayant échoué à environ 200 km de l’île d’Eocheong, dans l’ouest du pays. 
  • Le ministère de la Défense a déjà publié une photo montrant une partie du lanceur (à gauche de la photo). C’est peut-être un segment qui a servi à attacher deux étages de fusée l’un à l’autre.
À gauche, une partie du lanceur qui a déjà été retrouvée par l’armée sud-coréenne. (Ministère sud-coréen de la Défense)

Alertes en Corée du Sud et au Japon : justifiées ou non ?

L’effet immédiat : la Corée du Sud a déclenché une alerte de guerre.

  • Ce lancement raté a suscité un petit vent de panique en Corée du Sud
  • Tôt ce mercredi matin, les habitants de Séoul ont reçu une « alerte temps de guerre » sur leur téléphone, leur demandant de se préparer à évacuer la ville.
    • « Les citoyens doivent être prêts à évacuer et permettre aux enfants et aux personnes âgées d’évacuer en premier », indiquait le message.
  • Des sirènes de raid aérien ont également retenti, avant qu’un véritable ordre d’évacuation ne soit lancé, rapporte le Financial Times.
  • Finalement, l’ordre d’évacuation a été retiré dix minutes plus tard, les autorités sud-coréennes indiquant qu’il s’agissait d’une « fausse alerte ».
  • La panique a également gagné le Japon, qui a émis une alerte au missile pour l’île d’Okinawa, à l’extrême sud du pays. Une alerte là aussi levée assez rapidement.

Les explications : un satellite peut cacher un missile.

  • La Corée du Nord avait annoncé qu’elle procéderait au lancement d’un satellite espion entre le 31 mai et le 11 juin en vue de « faire face aux actions militaires dangereuses des États-Unis et de leurs vassaux ». Mais elle n’avait pas donné de date exacte. 
  • L’incertitude quant à la date et le fait que le lancement ait raté ont semé la confusion, faisant croire aux voisins de Pyongyang qu’il s’agissait peut-être d’un missile.
  • Les craintes sont aussi liées au fait que, par le passé, la Corée du Nord a déjà effectué des tests de missiles balistiques en les qualifiant de lancements de satellites.
    • Le Japon a d’ailleurs réagi fermement, continuant d’employer le terme « missile ». « Nous analyserons attentivement la cause de la disparition du missile. Nous répondrons fermement puisque la période de notification de la Corée du Nord est toujours en cours », a déclaré Yasukazu Hamada, le ministre japonais de la Défense.
    • La Maison Blanche a elle aussi réagi, condamnant un lancement qui utilise « la technologie des missiles balistiques » et qui « risque de déstabiliser la situation sécuritaire dans la région et au-delà ».
  • Bien que les alertes sud-coréennes et japonaises peuvent se comprendre, il aurait toutefois été préférable de les éviter.
    • « Les fausses alertes érodent la confiance du public et peuvent être activement déstabilisatrices en cas de crise », a expliqué au FT Ankit Panda, expert en armes nucléaires au Carnegie Endowment for International Peace à Washington. 

Bientôt un autre lancement ?

Et maintenant : il y a une chance que la Corée du Nord fasse une autre tentative avant le 11 juin.

  • Rappelons que Pyongyang a annoncé une période de lancement de « satellite de reconnaissance militaire » de douze jours à l’Organisation maritime internationale. Toutefois, certains experts pensent que les problèmes techniques qui ont conduit au crash de ce mercredi ne seront pas résolus de sitôt.
  • La Corée du Sud, quant à elle, va continuer de rechercher des pièces du lanceur accidenté. Peut-être qu’elle pourrait trouver non seulement des parties du lanceur, mais aussi le satellite espion lui-même.
  • On sait peu de choses sur la capacité de la Corée du Nord à produire des satellites fonctionnels. Bien qu’elle ait déjà mis en orbite quelques satellites de test, les analystes ne pensent pas qu’ils soient capables de grand-chose.
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