Difficile de voir clair dans la nouvelle stratégie adoptée par la société de location de voitures Hertz, récemment déclarée en faillite. Après avoir annoncé en grande pompe une très ambitieuse commande passée auprès du constructeur Tesla – alors même qu’aucun contrat n’avait été encore signé -, voilà que ses actionnaires revendent leurs actions. Un comportement qui pose de nombreuses questions.
Fin octobre, Hertz faisait une annonce fracassante : la société de location de voitures a commandé 100.000 véhicules Model 3 à Tesla. Après des mois (très) difficiles en raison de la pandémie de coronavirus, le salut d’Hertz semble avoir sonné. L’annonce d’un tel contrat a par ailleurs boosté la capitalisation de Tesla, mais aussi du loueur de voitures. Cependant, certains investisseurs ont déchanté lorsqu’Elon Musk himself a précisé qu’aucun contrat n’avait encore été signé avec Hertz. Il n’en fallait évidemment pas plus pour que le nouvel enthousiasme des investisseurs à l’égard du loueur de voitures se dissipe.
Un comportement qui questionne
Cela n’a pourtant pas empêché la société de déposer une demande auprès des régulateurs pour vendre jusqu’à 1,2 milliard de dollars d’actions, comme le rapporte Forbes. Une manière, peut-être, pour les actionnaires de longue date de la société de capitaliser sur la montée en flèche des actions d’Hertz (+42%) qui a suivi l’annonce d’un accord avec Tesla. Le tweet d’Elon Musk a tout de même fait chuter la valeur de l’entreprise de 4%.
Selon le dossier réglementaire publié, les actionnaires d’Hertz souhaitent en effet vendre 37,1 millions d’actions à un prix allant de 25 à 29 dollars par action. De quoi dépasser le milliard de dollars si tout se passe bien.
On notera tout de même que la société de location de voitures ne percevra aucun produit de ces potentielles ventes. Elle souhaite cependant racheter entre 250 et 500 millions de ses propres actions, et ce, malgré une situation financière qui est loin d’être au beau fixe pour le moment.
Rappelons en effet qu’en mai dernier, Hertz a déposé le bilan, après une période très difficile suite au coronavirus. La société avait tout de même réussi à sortir la tête hors de l’eau en juin, après le rachat d’une partie de ses dettes par le groupe d’investisseurs Knighthead Capital et Centares.
Difficile de se faire une idée précise des projets d’Hertz. Certains pourraient d’ailleurs qualifier son comportement de suspect, tant ce dernier est étonnant.
Faire grimper artificiellement les actions ?
Les versions divergentes de Tesla et d’Hertz concernant le fameux contrat de 100.000 Model 3 laissent en effet perplexes. D’autant plus que le groupe Knighthead Capital et Centares a confirmé après le tweet d’Elon Musk que le contrat entre les deux sociétés avait bel et bien été signé.
« Comme nous l’avons annoncé la semaine dernière, Hertz a passé une première commande de 100.000 véhicules électriques Tesla et investit dans une nouvelle infrastructure de recharge pour véhicules électriques », a indiqué le groupe d’investisseurs. « Les livraisons des Tesla ont déjà commencé. Nous constatons une très forte demande précoce de Tesla dans notre flotte de location, ce qui reflète la demande du marché pour les véhicules du constructeur », a-t-il ajouté.
Alors qui ment dans l’histoire ? L’excentrique Elon Musk ou Hertz ? Là encore difficile à dire, même si le PDG de Tesla est plutôt un habitué des déclarations choc.
Dans tous les cas, la demande de revente d’actions Hertz parait suspecte dans l’état actuel puisqu’elle intervient juste après la clarification d’Elon Musk.
On pourrait en tirer différentes conclusions:
- La signature d’un contrat avec Tesla n’était qu’une tentative pour Hertz de faire grimper artificiellement ses actions, et ce, malgré les moyens mis en œuvre par le loueur pour annoncer la « bonne nouvelle ».
- Les investisseurs de la société de location de voitures pensent que le deal ne sera jamais signé. Ils tentent donc de profiter de la situation en se remplissant les poches pendant que la valeur d’Hertz est élevée.
- Enfin, ces derniers estiment peut-être que la valeur des actions de la société n’augmentera pas, même si un deal avec Tesla était bel et bien signé et souhaitent simplement augmenter leurs bénéfices.
Ce ne sont évidemment que des éventualités, rien pour l’instant ne nous permet de trancher dans un sens ou dans l’autre, mais le fait est que cette histoire est louche.