Ce mercredi en soirée, le Congrès américain a ouvert une audition spéciale à Washington intitulée « Phénomènes Anormaux Non Identifiés : Implications pour la Sécurité nationale, la Sécurité publique et la Transparence gouvernementale ». Les trois lanceurs d’alerte qui ont récemment accusé la Défense de ne pas tout dire étaient présents pour témoigner devant les représentants américains.
Audience historique au Congrès américain : trois lanceurs d’alerte considérés comme crédibles témoignent de phénomènes OVNI et de la volonté du Pentagone de maintenir l’omerta
Pourquoi est-ce important ?
Aux États-Unis, la question des OVNI - ou plutôt des UAP pour "phénomènes aériens non identifiés" dans la nouvelle terminologie - est un vrai débat, qui dépasse de loin les milieux complotistes depuis quelques années. Le Département américain de la Défense a ainsi déclassifié des images d'observations étranges prises par ses pilotes, et a assumé étudier sérieusement ces phénomènes, tout en précisant n'avoir jamais eu la moindre preuve d'une intelligence venue d'ailleurs. Sauf que depuis, des lanceurs d'alerte proches de la Défense ont alarmé le Congrès : au Pentagone, on ne dit pas tout.Les témoins :
- Ryan Graves, pilote et ingénieur pour l’US Navy jusqu’à sa retraite en 2019.
- David Fravor, lui aussi pilote sur avion de chasse F-18 et commandant à la retraite de la marine américaine.
- David Grusch, ancien expert du renseignement américain.
Des observations courantes sur lesquelles règne l’omerta
Tous ont publiquement témoigné ces derniers mois d’une volonté de la part du Département de la Défense d’étouffer certaines observations, voire certaines de ses activités concernant les OVNIS.
- Les deux aviateurs ont déclaré que les phénomènes anormaux et, de toute évidence, d’origine non naturelle étaient bien plus courants que ne veut bien l’admettre le Pentagone.
« Ces observations ne sont pas rares ou isolées. Elles sont courantes. Les équipages aériens militaires et les pilotes commerciaux – des observateurs formés dont la vie dépend d’une identification précise – sont fréquemment témoins de ces phénomènes. »
Ryan Graves
- Interrogés par les élus qui composent le comité, les aviateurs ont confirmé : ils considèrent ces objets mystérieux comme potentiellement dangereux pour le trafic aérien, voire pour la sécurité de l’Amérique. Et ce, quelle que soit leur origine.
« J’aimerais dire que l’objet avec lequel nous avons interagi en 2004 était nettement supérieur à tout ce que nous avions à l’époque, avons aujourd’hui ou cherchons à développer dans les 10 prochaines années. Si nous possédons effectivement des programmes dotés de cette technologie, ce serait de mettre en place une surveillance contrôlée par ceux que les citoyens de ce grand pays ont élus pour représenter le meilleur pour les États-Unis comme pour les citoyens. »
David Fravor
Les deux aviateurs déplorent le manque de communication de la part du Pentagone sur des observations récurrentes d’objets potentiellement dangereux, par collision ou parce que peut-être dirigés par une puissance hostile. Ils rappellent aussi qu’il n’existe pas de référentiel centralisé entre l’armée et le gouvernement sur les UAP. Mais le témoignage de David Grusch reste le plus intrigant.
Chasseurs d’aliens et « restes biologiques »
- L’ancien des renseignements, qui a participé à l’analyse des « phénomènes anormaux inexpliqués », affirme qu’il existe un programme de récupération et de rétro-ingénierie d’OVNI qui se seraient écrasés sur Terre, et que ce dernier serait actif depuis « plusieurs décennies. »
- Grusch, qui a porté plainte pour dissimulation d’informations d’utilité publique, a rappelé devant les représentants des États que ces informations qui lui ont été fournies « par des personnes qui ont une longue expérience de légitimité et de service envers ce pays, dont beaucoup ont également partagé des preuves convaincantes sous forme de photographies, de documents officiels et de témoignages oraux classifiés, à mon intention et à celle de nombreux de mes collègues. »
- Or il n’en démord pas : non seulement la Défense chasse les épaves d’origine non humaine, mais elle aurait retrouvé des engins intacts. Ainsi que des « restes biologiques » qui prouveraient qu’il ne s’agit pas là de véhicules militaires inconnus.
- Grusch se met ainsi en porte-à-faux avec les déclarations de Sean Kirkpatrick, responsable du All-Domain Anomaly Resolution Office (AARO) du Pentagone, qui a défendu le gouvernement américain n’avait aucune preuve d’une intelligence non humaine. « Ce n’est pas exact », a répondu le lanceur d’alerte.
- Interrogé sur d’éventuelles preuves, comme des photographies, ce dernier a toutefois déclaré qu’il ne pouvait pas révéler de documents classifiés ni discuter de la réponse dans un cadre ouvert et non classifié.
C’est là une affaire bien mystérieuse qu’ont entendue les élus du Congrès, et il faut bien reconnaître que les témoins ne sont pas du tout des conspirationnistes amateurs de chapeaux en aluminium. La commission a toutefois réservé son jugement sur la véracité des faits reportés : dans leurs remarques de clôture, les représentants ont souligné que cette question, dans son essence, concerne moins la recherche de preuves d’engins présumés d’origine extraterrestre que l’exigence de responsabilité et de transparence de la part du gouvernement américain.