Malgré une nouvelle razzia aux Emmy Awards, la plateforme de streaming Netflix et la chaîne de télévision HBO, toutes deux productrices de contenus, s’apprêtent à vivre une période de turbulences.
Netflix mène depuis longtemps une stratégie basée sur des dépenses agressives afin de croître et dominer le marché du divertissement. Mais la récente chute des bénéfices met la patience des investisseurs à rude épreuve, pointe The Economist dans son édition du 28 septembre. Sans oublier que le nombre d’abonnés de la plateforme de streaming a baissé au cours du début de l’année, une première depuis 2011. Tout cela n’empêche pas Netflix de continuer à engloutir des sommes colossales dans la production ou le rachat de contenus télévisuels. Les plus de 500 millions de dollars qu’aurait récemment dépensés la plateforme pour acquérir les droits de la série des années 90’ Seinfeld en sont la preuve.
Chez HBO, les bénéfices ne constituent pas une source d’inquiétude. La chaîne payante est réputée comme étant la plus rentable de la télévision américaine, rappelle The Economist. Par contre, les dettes de sa maison-mère AT&T le sont bel et bien. Suite aux dernières acquisitions, notamment DirecTV et Time Warner (propriétaire de HBO), la dette du groupe a explosé à 170 milliards de dollars, bien plus que toute autre entreprise du secteur.
La guerre du divertissement sera rude
L’avenir s’annonce donc chahuté pour ces deux géants de la production de films et séries, d’autant plus que la concurrence s’est désormais organisée et s’apprête à frapper fort sur le marché de la SVOD (la vidéo à la demande par abonnement). Alors que HBO s’apprête à lancer sa propre plateforme en 2020, Disney, Comcast et Apple feront de même au cours des prochains mois. Sans oublier qu’Amazon, dont les poches sont bien profondes, est déjà implanté dans le secteur. La guerre du divertissement s’annonce donc rude, et fera immanquablement des vainqueurs et des vaincus.
Pour le consultant en technologie et média, Michael J. Wolf, Apple et Amazon font figure de favoris. « Apple ne fera pas seulement des bénéfices sur sa propre plateforme », explique-t-il sur le site de CNBC. « L’entreprise va également gagner de l’argent en vendant ses services à la concurrence. Pareil pour Amazon. » Si l’on en croit le site The Verge, l’App Store et l’Amazon Appstore tirent une bonne partie de leurs revenus via des pourcentages sur les abonnements vendus par les entreprises grâce à la mise à disposition sur ces deux plateformes de leurs applications.
Mais Michael J. Wolf concède que cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y aura pas d’autres vainqueurs. En effet, on voit mal les géants de ce business à plusieurs dizaines de milliards de dollars se cantonner à une position de dépendance vis-à-vis de concurrents directs.