La Russie travaille à la mise en place d’une bourse des métaux précieux et de son propre étalon pour l’or, provisoirement appelé Moscow World Standard (MWS). Le Kremlin a explicitement déclaré que sa bourse devait être une alternative à la London Bullion Market Association (LBMA).
Dans le cadre des sanctions occidentales contre Moscou, l’organisation qui gère le marché de l’or de Londres (LBMA) a retiré l’accréditation de six fonderies russes ; les Russes ne peuvent donc plus proposer d’or sur le marché international de l’or. Cela a provoqué une vive irritation à Moscou, qui est le deuxième producteur d’or au monde après Pékin. C’est pourquoi le Kremlin veut lancer son propre étalon-or et sa propre bourse des métaux précieux.
Le ministère russe des Finances déclare dans une lettre, citée par plusieurs médias russes, que la création de ce Moscow World Standard (MWS) est « d’une importance cruciale ». Le projet permettrait de « normaliser le fonctionnement de l’industrie des métaux précieux » et offrirait une alternative à la LBMA. « La base de cette nouvelle structure sera une nouvelle bourse internationale spécialisée dans les métaux précieux, dont le siège sera à Moscou », ajoute-t-il.
Fixation des prix
Les Russes veulent fixer eux-mêmes les prix des métaux précieux. Les banques centrales et les autres grandes institutions financières de l’Union économique eurasienne (UEE) siégeraient également dans un comité de fixation des taux. Les États membres de cette union sont la Russie, le Kazakhstan, le Belarus, le Kirghizstan et l’Arménie.
Le plan actuel consiste à lier les prix à l’une des monnaies nationales des pays de l’UEE ou à créer une toute nouvelle monnaie à cette fin. L’autocrate russe Vladimir Poutine a par exemple déjà parlé d’une monnaie spécifique aux pays BRICS (acronyme pour Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Cette monnaie serait utilisée pour le commerce international, ce qui faciliterait les transactions en dehors de l’union.
L’objectif est de rendre la bourse très attractive pour les grands acteurs du secteur de l’or comme la Chine, l’Inde, le Venezuela et le Pérou. Si la Russie réussit dans son projet en gagnant le soutien de ces deux pays d’Amérique du Sud, le groupe pourrait finalement contrôler environ 62 % de l’or mondial, selon Capital.com.
Platine, palladium, rhodium
Selon le ministère des Finances, la Russie était le deuxième plus grand producteur d’or en volume en 2021, avec une production d’or en hausse de 9%, à 343 tonnes.
« Une grande partie de l’or russe de ces dernières années est allée dans les coffres à or de Londres, où la plupart des ETF occidentaux détiennent leurs stocks d’or », écrit le site Geotrendlines. En raison des sanctions occidentales, les Russes se contentent désormais d’exporter davantage d’or vers d’autres débouchés, tels que le Moyen-Orient, l’Inde et la Chine.
La Russie est également l’un des trois plus grands producteurs de platine, de palladium et de rhodium. L’ensemble de l’industrie des métaux précieux en Russie représente un chiffre d’affaires d’environ 25 milliards de dollars par an.
(CP)