Comment les États membres de l’Union européenne financent les efforts de guerre de la Russie


Principaux renseignements

  • L’Union européenne continue de financer l’effort de guerre de la Russie par le biais de milliards d’euros d’importations d’énergie.
  • Les gouvernements européens invoquent les contrats existants et les complexités juridiques pour expliquer la dépendance continue à l’égard de l’énergie russe.
  • L’UE a annoncé son intention d’interdire le gnl russe d’ici à 2027, mais elle est confrontée à la difficulté de remplacer totalement les approvisionnements perdus sans dépendre d’importations américaines potentiellement politiquement délicates.

Alors que des pays européens comme la France se posent en alliés indéfectibles de l’Ukraine dans sa lutte contre la Russie, plusieurs d’entre eux ont simultanément augmenté leurs importations d’énergie russe, injectant des milliards d’euros dans le trésor de guerre de Moscou. L’Union européenne se trouve dans une position précaire, car elle finance les deux parties du conflit par le biais d’une aide militaire et humanitaire à Kiev et de paiements commerciaux pour le pétrole et le gaz russes.

La corde raide financière

Bien que l’UE ait considérablement réduit sa dépendance à l’égard de l’énergie russe depuis 2022, elle en a encore importé pour plus de 11 milliards d’euros au cours des huit premiers mois de cette année. Cette tendance s’étend même aux pays qui soutiennent activement l’Ukraine, la France ayant enregistré une hausse de 40 pour cent de ses achats d’énergie russe. Si les ports méthaniers de pays comme la France servent de points d’entrée pour les approvisionnements russes, une grande partie du gaz est ensuite transportée à travers l’Union européenne vers d’autres acheteurs.

Ce flux continu de fonds vers la Russie par le biais des ventes d’énergie a suscité des critiques, notamment à la suite de la condamnation par le président américain Donald Trump des dirigeants européens pour leur achat continu de pétrole et de gaz russes tout en soutenant simultanément l’Ukraine.

Les gouvernements européens, cependant, soulignent les contrats existants avec les fournisseurs russes et les complexités liées à l’arrêt brutal de ces arrangements sans le soutien juridique de l’UE. Les Pays-Bas, par exemple, soulignent leur soutien aux plans de l’UE visant à éliminer progressivement l’énergie russe, mais reconnaissent que leur pouvoir de bloquer les contrats en cours est limité jusqu’à ce que ces propositions soient inscrites dans la loi.

Arrêt progressif des importations de gnl russe

L’UE a annoncé des plans accélérés pour interdire le gaz naturel liquéfié (gnl) russe d’ici 2027, reconnaissant que le gnl est devenu la plus grande importation d’énergie russe. Si cette mesure vise à rompre la dépendance de l’Europe à l’égard des combustibles fossiles russes, elle permettrait néanmoins de soutenir financièrement l’effort de guerre du Kremlin pendant encore au moins un an.

La perspective de remplacer les approvisionnements russes perdus par du pétrole et du gaz américains a été évoquée, mais les analystes mettent en garde contre cette solution directe, soulignant les implications potentielles de l’utilisation par Washington des droits de douane en tant qu’outil politique.

Le parcours de l’UE depuis 2021, lorsqu’elle a importé plus de 133 milliards d’euros d’énergie russe, met en évidence les progrès réalisés dans la réduction de la dépendance. Toutefois, des pays comme la Hongrie et la Slovaquie, qui entretiennent des liens étroits avec la Russie, restent des importateurs importants, continuant à recevoir du gaz par gazoduc jusqu’en 2028.

Contrats à long terme avec des fournisseurs russes

Malgré les efforts déployés pour se désolidariser de l’énergie russe, les grandes entreprises énergétiques européennes telles que TotalEnergies et Shell continuent d’honorer les contrats à long terme conclus avec les fournisseurs russes. Ces accords se prolongent souvent jusque dans les années 2030 ou 2040.

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