Comment le désastre environnemental « caché » puis « ignoré » de l’Ohio vire à l’affrontement politique

Alors que la presse américaine avait les yeux rivés sur les mystérieux objets non identifiés dans son espace aérien, un train déraillait dans la petite bourgade d’East Palestine, dans l’État de l’Ohio. Ce train, bourré de marchandises chimiques, a pris feu. L’administration Biden a d’abord tenté de rassurer la population, indiquant qu’il n’y avait aucun danger. Mais la pollution de l’air et de l’eau ne fait plus beaucoup de doutes.

Pourquoi est-ce important ?

Le déraillement du train de produits toxiques a eu un mérite : raviver la flamme environnementaliste des républicains et de certains groupes complotistes, qui estimaient que "la presse" et "l'administration Biden" cachaient quelque chose. Depuis, la presse américaine reprend largement l'information, car elle a aussi débouché sur une crise politique, avec la demande de démission de Pete Buttigieg, le secrétaire d'État aux Transports.

Le contexte : les tergiversations de l’administration Biden.

  • Les autorités américaines ont délibérément laisser se consumer les produits chimiques (principalement du chlorure de vinyle), pour éviter tout risque d’explosion. Le résultat n’en était pas moins impressionnant : un véritable champignon, visible depuis le ciel, planait au-dessus de l’Ohio.
  • La population a été dans un premier temps évacuée, mais a très vite pu revenir sur les lieux, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) ayant indiqué qu’il n’y avait aucun danger à respirer l’air ambiant. Elle a toutefois, dans un second temps, conseillé à la population de boire de l’eau en bouteille si les « puits domestiques » n’avaient pas pu faire l’objet de tests.
  • Il est un fait que l’administration Biden n’a pas pris l’incident à sa juste mesure. Et elle continue d’ailleurs de nier qu’une large pollution a eu lieu à East Palestine. Même si face à la pression, le directeur de l’EPA a promis jeudi que l’administration Biden ferait toute la lumière sur le déraillement du train.

Le détail : la pollution « cachée » a fait du bruit sur les réseaux sociaux.

  • Tout est bon pour nuire au président Biden. A priori, on peut s’étonner qu’une figure de l’alt-right américaine comme Jack Posobiec embrasse la cause environnementale. Mais il fait partie des personnes les plus influentes sur les réseaux sociaux, aux États-Unis. Et quand il partage une vidéo, vérifiée, aux abords de East Palestine, cela fait nécessairement beaucoup de bruit.
  • Une rivière contaminée, un élément corroboré, par J.D. Vance, sénateur républicain dans l’Ohio, présent sur place.

Et maintenant ? Tous les yeux se tournent vers le secrétaire d’État aux Transports et ancien candidat à la présidence : Pete Buttigieg.

  • M. Vance estime que l’administration, de manière générale, « traîne des pieds », tout en pointant du doigt l’opérateur ferroviaire Norfolk Southern qui doit « être tenu pour responsable ».
  • D’autres législateurs vont beaucoup plus loin : « Le secrétaire Buttigieg a refusé de reconnaître la catastrophe d’East Palestine, dans l’Ohio, jusqu’à ce que son ignorance intentionnelle ne soit plus tenable », a écrit le sénateur Marco Rubio, de Floride, dans une lettre jeudi, exhortant Biden à demander la démission de Buttigieg, rapporte la NBC. « Même après avoir reconnu la tragédie, il continue à éviter de rendre des comptes sur la sécurité du système ferroviaire de notre pays. Les circonstances qui ont conduit au déraillement révèlent un manque évident de surveillance et exigent un engagement de la part du principal responsable des transports de notre pays. »
  • Mais le camp démocrate a aussi son lot de critiques à adresser : le sénateur Sherrod Brown, de l’Ohio, veut demander des comptes à Norfolk Southern. « L’important pour moi, c’est que nous tenions Norfolk Southern pour responsable », a déclaré M. Brown. « Cela signifie que l’opérateur doit rendre des comptes sur les tests à effectuer pour que les gens puissent retourner chez eux et sur tout le nettoyage qui prendrait des semaines pour garantir aux gens que l’air et l’eau sont sans danger. »
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