Coalition fédérale: doit-on perdre son temps avec la N-VA ?

La Belgique fédérale est dans une nouvelle impasse. Si le roi doit poursuivre ses consultations, et maintient sa décision de suspendre la mission de Paul Magnette (PS), la coalition arc-en-ciel connait un sacré coup de frein. Pour mieux y replonger? Il faudra sans doute repasser avant cela par la case N-VA.

Quel plan a Bart De Wever derrière la tête? En tout cas, si le président des nationalistes veut se rendre détestable auprès des francophones, il a une nouvelle fois réussi son pari. Sa sortie hier sur fond d’infection wallonne et de dentifrice flamand a fait bondir toute la presse francophone, à raison. Que la Flandre en ait marre de ‘payer la facture’ est une chose, passer à l’insulte en est une autre. On a déjà connu Bart De Wever plus fin stratège.

Suite à ce premier échec de l’arc-en-ciel, on voit mal le nationaliste reprendre le rôle d'(in)formateur. Pour faire quoi? Et surtout avec qui? En traitant ainsi les partis francophones et leurs électeurs, Bart De Wever et la N-VA espèrent-ils encore trouver des partenaires au sud du pays?

Stratégie illisible

C’est la question centrale que tout le monde se pose, y compris au sein de la N-VA: veulent-ils réellement participer à une coalition fédérale? Ou veulent-ils laisser pourrir la situation jusqu’à de nouvelles élections et une nouvelle réforme de l’État? Le parti, comme Bart De Wever, est divisé sur la question. Sa stratégie en devient illisible.

En fait, cette volonté de la N-VA de reprendre la main est surtout poussée par le CD&V, et l’Open VLD dans un second temps. Les deux partis ont peur des nationalistes et ne veulent pas passer pour les traitres à la cause flamande. Bart De Wever doit épuiser toutes ses chances et échouer, avant de voir l’arc-en-ciel resurgir un jour de pluie. C’est la politique dans ce qu’elle a de plus cynique. Tout le monde semble savoir que la solution avec la N-VA ne fonctionnera pas. Mais il faut trouver un récit pour l’écarter en douceur, sans que Bart De Wever puisse jouer son rôle favori: celui de Calimero, comme le rappelait Hendrik Vuye, ex-N-VA, dans une récente interview accordée au Soir.

Réintégrer le CD&V

En coulisses, l’arc-en-ciel vit d’ailleurs toujours. Mais une chose semble devenue certaine: il faudra réintégrer le CD&V dans le jeu. Car une majorité de 76 sièges sur 150 parait difficilement tenable et de toute façon exclue par les libéraux. Des libéraux pour qui la note de Paul Magnette n’était pas assez teintée de bleu.

Pour le président des socialistes, il s’agit d’un demi-échec. Il a certes montré une envergure de Premier ministre mais les fuites de ses différentes notes et de la ‘réunion secrète’ n’ont pas aidé. Le choix d’écarter le CD&V très tôt dans les discussions – c’est en tout cas comme cela que ça a été perçu – fut sans doute une erreur. Une erreur qui pourrait coûter cher aux socialistes si on en revient à négocier l’arc-en-ciel. Ses interlocuteurs seront alors dans une position de force. En attendant, il faudra sans doute laisser la main à la N-VA.

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