Les législateurs européens ont demandé à la Banque centrale européenne (BCE) de placer le changement climatique au centre de la révision de sa stratégie de politique monétaire.
C’est officiel, le Parlement européen veut faire de la lutte climatique la nouvelle priorité de la Banque centrale européenne. Les eurodéputés ont voté mercredi une résolution recommandant que la BCE examine ‘les moyens par lesquels les banques centrales peuvent lutter contre la crise climatique et contribuer à la décarbonisation du continent’, rapporte Euractiv. Le Parlement approuve ainsi la vision principale de la banque pour ‘l’élimination progressive’ des actifs carbone.
Au total, c’est une large majorité de 452 députés de tous horizons politiques qui ont voté en faveur de la résolution, contre 142 législateurs défavorables, dont des partis d’extrême droite. La résolution enjoint à la BCE de se demander ‘comment la banque centrale peut contribuer à une économie durable et peut faire de la lutte contre le changement climatique une de ses priorités de recherche’. Les législateurs ont d’ailleurs rappelé qu’elle est ‘liée par l’Accord de Paris’ et que cet accord ‘devrait se refléter dans ses politiques’.
Un signal fort
Si ce texte n’a pas de portée juridique, il envoie un message clair pour prendre en compte les risques climatiques. La BCE est d’ailleurs en train de revoir ses plans en ce sens et pourrait présenter ses recommandations au conseil d’administration avant le début de la COP26, en novembre.
Un gage de bonne volonté? Rappelons tout de même que pas moins de 62,1% des achats d’obligations de sociétés de la BCE ont lieu dans les secteurs qui sont responsables de 58,5% des émissions de gaz à effet de serre de la zone euro. La banque devra donc joindre le geste à la parole pour convaincre qu’elle évalue bien l’impact de son programme d’achat d’actifs sur l’action en faveur du climat.
Une présidente écologiste?
La nouvelle présidente de la BCE Christine Lagarde pourrait cependant agir en ce sens, ayant déclaré avant sa nomination l’année dernière que ‘la banque devrait passer à une transition progressive pour éliminer’ les actifs carbone de ses portefeuilles.
Elle a par ailleurs indiqué que l’examen de la banque l’aiderait à déterminer quand et comment l’action et les risques climatiques ont un impact sur les politiques de la BCE, y compris la stabilité des prix, la gestion des risques et la composition des portefeuilles. ‘La BCE surveille les risques systématiques liés au changement climatique et à la transition vers une économie neutre en carbone’, a-t-elle assuré aux législateurs européens.
Cette résolution du Parlement intervient alors qu’un rapport du groupe de réflexion New Economics Foundation estimait la semaine dernière que les principales banques centrales de la zone euro (y compris au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Japon, en Chine et en Suisse) possèdent plus de 12 milliards de dollars en obligations et actions exposées au charbon. Mardi, le député néerlandais de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates Paul Tang exhortait par ailleurs Christine Lagarde ‘à faire de réels progrès maintenant que vous le pouvez’. Le ton est donné, il est temps de passer aux actes.
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