Selon le quotidien Bloomberg, la lutte des microprocesseurs entre la Chine et les États-Unis n’en serait qu’à ses prémisses. Pourtant, les tensions entre les deux pays bouleversent déjà le secteur.
Les semi-conducteurs sont aujourd’hui considérés comme ‘la base de la vie numérique moderne’, souligne le quotidien.
Aussi, alors que fabriquer des semi-conducteurs s’est imposé comme un élément clé de la sécurité nationale, cela accentue la pression au sein des gouvernements, obligés de multiplier les lieux de production et les points de distribution. Conséquence: la rivalité entre la Chine et les États-Unis est plus que jamais de mise.
Pourquoi peut-on parler de tensions entre ces deux nations ? Alors que la Chine détenait le monopole du secteur, les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont cherché à exploiter davantage l’industrie des microprocesseurs pour contrecarrer les plans de la Chine et ainsi, s’imposer comme un leader mondial dans la production de puces.
Les tensions entre la Chine et les États-Unis risquent aussi de s’exacerber une fois que les dirigeants du parti communiste auront établi un plan quinquennal en vue du développement de l’industrie technologique chinoise – notamment pour la fabrication de puces.
348 milliards d’euros
L’an dernier, les ventes de semi-conducteurs se chiffraient à 348 milliards d’euros dans le monde.
Selon Washington, Pékin ne peut atteindre ses objectifs de production que par le biais de subventions d’État aux dépens de l’industrie américaine, cela tout en favorisant l’accès du Parti communiste aux outils de haute technologie, pour la surveillance et la répression. De son côté, la Chine nie ces allégations.
Pour les deux parties, Taïwan, qui est responsable de quelque 70 % des puces fabriquées sur commande, constitue la nouvelle ligne de front. Jusqu’à récemment, les ingénieurs capables de manipuler les machines de photolithographies du fabricant de machines à puces ASML (qui servent à imprimer des semi-conducteurs), ne se trouvaient que dans deux pays: les Pays-Bas et la Corée du Sud.
Mais ASML a récemment ouvert un centre de formation Taïwan et en raison de leur confrontation avec la Chine, les États-Unis sont déterminés à empêcher cette dernière de s’accaparer ses connaissances.
La Chine riposte
De son côté, Donald Trump souhaite également développer la capacité de production des États-Unis et tente de dissuader les fabricants de puces à ne plus exporter leurs matériaux en Chine. La Maison-Blanche a en effet imposé des restrictions à l’exportation au plus grand fabricant de puces de Chine, comme Semiconductor Manufacturing International Corp. Les États-Unis se sont aussi adressés aux principaux acteurs nationaux et internationaux pour leur demander ‘de reconsidérer leurs relations avec la Chine’.
La Chine, elle, entend bien se défendre. Une loi adoptée le 17 octobre pourrait permettre à la Chine de riposter aux États-Unis: elle pourrait renforcer ses contrôles à l’exportation de terres rares utilisées dans la production de puces.
Mais… la Chine est aussi sur le point d’importer pour la troisième année consécutive pour 300 milliards de dollars de semi-conducteurs en provenance des États-Unis, ce qui souligne sa dépendance à l’égard de la technologie américaine.
Changer de cap?
Le président Xi Jinping est déterminé à mettre un terme à cette situation. Il s’est engagé à investir environ 1.400 milliards de dollars jusqu’en 2025 dans des technologies – allant de l’intelligence artificielle aux réseaux sans fil.
L’un des objectifs de Pékin: accélérer la recherche sur les semi-conducteurs dits de ‘troisième génération’ – des circuits fabriqués à partir de matériaux tels que le carbure de silicium et le nitrure de gallium, une technologie naissante où aucun pays ne domine.
Pourtant, sans production de silicium, il sera difficile pour la Chine de construire un véritable semi-conducteur de troisième génération et de se (re)construire un empire.