Web Analytics

La Chine a longtemps été le marché émergent par excellence pour les investisseurs, mais elle perd de sa position dominante

La Chine a longtemps été le marché émergent par excellence pour les investisseurs, mais elle perd de sa position dominante
(Getty Images)

La forte représentation de la Chine dans les fonds d’investissement des marchés émergents diminue. Outre une économie qui tourne au ralenti, ce sont des raisons politiques qui effraient les investisseurs.

Le vent est en train de tourner. Le plus grand pays du monde perd de son attractivité pour les investisseurs internationaux. Les portefeuilles d’investissement dans les marchés émergents (marqués par une croissance plus importante que les marchés développés, entre autres définitions) réduisent leur exposition à la Chine.

  • Dans l’indice de référence en la matière, le MSCI emerging markets, la part des actions chinoises a considérablement baissé, passant de 43,2% il y a deux ans à 32% en juillet de cette année. C’est ce qui sort d’un rapport de Morgan Stanley, consulté par CNBC.
  • Les ETF, des fonds négociés en bourse, spécialisé dans les marchés émergents autres que la Chine ont vu leur valeur exploser par la même occasion, selon ce rapport. A la fin 2020, les actifs sous gestion valaient un total de 247 millions de dollars. Depuis, leur valeur a été multipliée par plus de dix : en juillet 2022, ils représentaient 2,85 milliards de dollars.
  • De plus en plus de grandes banques proposent d’ailleurs des fonds concentrés sur les marchés émergents mais qui ne reprennent pas la Chine. Goldman Sachs en a lancé un en début d’année, et WisdomTree en septembre.
    • Auprès de cette dernière banque, on indique à CNBC que les clients veulent réduire leur exposition à la Chine, « peut-être au vu de la situation politique ». Mais le nombre de clients voulant entièrement quitter la Chine ne serait pas « énorme ».

Qu’est-ce qui a fait changer les esprits?

  • La Chine connaissait jusque-là une croissance rapide, tous les ans. Mais depuis la crise sanitaire, les choses ont un peu changé. Les confinements à répétition, encore implémentés aujourd’hui, plombent l’économie, tout comme le secteur immobilier, une des pièces maîtresses du PIB, en crise profonde. Mais ce n’est pas le seul élément qui mène à ce changement de paradigme.
  • « L’humeur a changé. La Chine était vue comme étant l’un des endroits les plus attrayants pour investir dans le monde, avec une certitude que l’on percevait dans la politique. Maintenant, la rivalité avec les États-Unis a introduit un élément d’incertitude et un élément de risque assez important », explique Ketan Patel, cofondateur et PDG de Greater Pacific Capital, à CNBC. « Le niveau d’excitation a changé. »
  • Cette rivalité présente aussi le risque que la Chine soit moins définissable comme un marché émergent. Le deuxième économie du monde en termes de PIB veut devenir une puissance majeure du monde. Pékin propose des systèmes alternatifs, que ce soit en termes de finances (en créant des réserves de monnaie communes avec d’autres pays) ou de relations internationales, comme avec les nouvelles routes de la soie.

Le rôle de l’Etat dans l’économie

  • La Chine est un pays communiste, et les entreprises publiques font légion. Dans les 10 premières entreprises du pays de l’année 2021, les entreprises publiques pèsent 40%(contre 36% en 2020). Dans des marchés plus ouverts, ce ratio est de 2% en moyenne. C’est ce qui sort d’un rapport de Rhodium Group. Les fonds étrangers préfèrent investir dans des entreprises privées.
  • « Nous ne pouvons pas non plus mesurer avec précision les obstacles informels à la concurrence sur le marché – par exemple, la discrimination informelle à l’encontre des entreprises étrangères et privées, les politiques industrielles ou la présence de comités du parti communiste », continue le rapport.
  • Les comités du parti communiste : voilà encore un autre élément qui dissuade les investisseurs étrangers. Les entreprises qui s’établissent en Chine doivent avoir un comité du parti en leur sein, et lui offrir un bureau spécifique, pour des rassemblements entre membres du parti travaillant pour cette entreprise.
    • Depuis juin de cette année, cette règle s’applique aussi aux fonds d’investissement, qui doivent désormais mettre en place un tel bureau. Il n’est cependant pas clair quel rôle ces comités jouent dans les opérations des entreprises.

Autre vent contraire à venir : l’inflation?

  • Au mois de septembre, l’inflation est sensiblement partie à la hausse en Chine. L’IPC a augmenté de 2,8% en glissement annuel. Il s’agit de l’augmentation la plus rapide depuis avril 2020, rapporte CNCB. C’est notamment le prix du porc, un poids lourd de l’IPC, qui part à l hausse (+36%).
  • D’un autre côté l’inflation sous-jacente n’a augmenté que de 0,6%, et l’indice des prix à la production n’a lui augmenté que de 0,9%.
  • Voilà un dilemme. L’augmentation lente des deux derniers montre que la demande est faible, autant du côté des consommateurs chinois que du côté international (l’export joue notamment une grande part dans l’activité de la production). Ces deux types de demandes faibles n’augurent rien de bon pour l’économie dans son ensemble.
    • D’un autre côté, si l’inflation devait commencer à s’envoler, comme ailleurs dans le monde, la Chine aurait les mains liées. La Banque centrale est déjà occupée à réduire les taux d’intérêt pour inciter les consommateurs à prendre des prêts hypothécaires, pour soutenir l’immobilier défaillant. Dans ce contexte, elle ne pourrait que difficilement augmenter les taux à nouveau.
Plus d'articles Premium
Plus