Le chaos énergétique en France va durer : un tiers des stations-service en pénurie

Alors que le reste de l’Europe est confronté à la hausse des prix de l’énergie, la situation s’aggrave soudainement en France suite à un regain des luttes sociales. Depuis une dizaine de jours déjà, les employés de TotalEnergies réclament une revalorisation salariale, et le bras de fer entre le fournisseur énergétique et les syndicats s’est envenimé jusqu’au mouvement de grève massif. Ils ont été suivis dans cette lutte par leurs collègues du concurrent Esso-ExxonMobil. Or, si les raffineries sont bloquées, les carburants fossiles, essence et diesel, ne parviennent plus aux consommateurs.

De nombreuses raffineries françaises sont bloquées par les grévistes, ce qui entraine des pénuries dans les stations-service, et donc des files interminables dans certaines pour faire le plein, en particulier en Île-de-France et dans le nord du pays. Celles-ci se prolongent parfois le long des bandes d’arrêt d’urgence des autoroutes, avec tous les dangers que cela implique.

Et la pénurie ne fait que croître depuis plusieurs jours : sur les 11.000 pompes de France, 15% manquaient d’au moins un type de carburant vendredi dernier. Ce nombre était passé à 19% samedi, puis 21% en fin de journée. Dimanche sur le coup de 15h, 29,7% des stations-service de l’Hexagone manquaient d’au moins un type de carburant, soit un peu moins de 3.300 pompes.

Reprise des négociations

Ce dimanche, la direction de TotalEnergies a proposé d’avancer les négociations: « Sous réserve de la fin des blocages des dépôts et de l’accord de l’ensemble des partenaires sociaux, la Compagnie propose d’anticiper au mois d’octobre la Négociation Annuelle Obligatoire qui était prévue en novembre », a-t-elle déclaré dans un communiqué, rapporte BFM Business. La CGT a répondu qu’elle consulterait les salariés sur cette proposition pour décider de la suite du mouvement.

Une amorce de dialogue qui n’a toutefois pas – encore – été suivie d’effets sur le terrain. Les stations-service ne sont plus approvisionnées suffisamment en carburant dans de nombreuses zones, et au moins une sur trois serait à sec d’au moins un type de carburant, selon Les Echos.

Les syndicats réclament une augmentation de 10 % des salaires (qui sont de 5.000 euros brut en moyenne sur douze mois pour les opérateurs des raffineries, qui représentent 80 % des salariés, selon TotalEnergies). Dans cette hausse, 7 % serviraient à faire face à l’augmentation du coût de la vie provoquée par l’inflation, et 3 % constitueraient la part des employés des bénéfices engrangés par l’entreprise suite à l’explosion du prix de l’énergie.

Encore au moins une semaine de perturbations

« Ces négociations permettront de définir comment les salariés pourront bénéficier, avant la fin de l’année, des résultats exceptionnels générés par TotalEnergies, tout en prenant aussi en compte l’inflation de l’année 2022 », a déclaré le groupe énergétique. « TotalEnergies a en effet la volonté que tous les collaborateurs soient prioritaires dans le partage de la valeur et reçoivent la juste récompense de leurs efforts sur leur fiche de paye avant la fin de l’année. »

Vers une victoire des travailleurs et la fin des piquets de grève ? Sur ce second point en tout cas, le gouvernement français met aussi la pression sur les entreprises. La Première ministre Élisabeth Borne a assuré que la situation se désengorgerait tout au long de la semaine, ce qui tient plutôt de l’octroi d’une carte blanche à TotalEnergies et à Esso-ExxonMobil pour que ça soit effectivement le cas. Mais selon TotalEnergies, si la grève prenait fin, il faudrait encore une semaine pour que la situation revienne à la normale dans les stations.

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