Cette année, le bitcoin est mort… plus de 45 fois

L’heure est au recueillement. 2021 nous quitte. Et avec elle, des dizaines de déclarations funestes prêtant une fin imminente à la reine des cryptomonnaies. Épilogue annuel.

« Pourquoi le bitcoin est pire qu’un système de Ponzi à la Madoff », titrait dernièrement le Financial Times. « Le bitcoin pourrait ne plus durer très longtemps », assurait quelques jours plus tôt un professeur d’université sur le plateau de CNBC. « Le bitcoin pourrait devenir inutile », prophétisait-on justement à la Banque d’Angleterre.

Ces estocades médiatiques, allant de la phrase assassine à l’avis de décès prématuré mais solennel, la cryptomonnaie en essuie depuis sa création. Le site de vulgarisation 99 Bitcoins tient à jour une longue nécrologie depuis 2010. Selon sa documentation, en 2021, la mort du BTC a été déclarée 45 fois.

Il ne s’agit pas bien sûr de statistiques exhaustives, la collecte se limitant aux occurrences anglophones, mais cela offre une perspective aussi sarcastique qu’intéressante sur le sentiment d’opposition à cette fintech.

Cette année, on observe un rebond d’antipathie, comparativement aux 19 décès annoncés en 2020. Tout en restant loin des chœurs qui chantaient toujours la même antienne lors du « crypto winter » de 2017-2018. Ces années-là, marquées par une envolée vertigineuse puis un effondrement violent du cours du bitcoin, le nombre d’obsèques s’est élevé respectivement à 124 et 93.

À en croire ces éloges funèbres appuyés par des personnalités diverses, en dix ans, le bitcoin a connu le sommeil éternel à plusieurs reprises, 438 pour être plus précis.

Avec la succession de prix record en 2021, les détracteurs du bitcoin ont relancé leurs inlassables charges, en présentant notamment la cryptomonnaie comme une arnaque à la Ponzi.

Pourtant, la blockchain ne présente ni barrière à l’entrée ni à la sortie. N’importe qui peut se mettre à miner, échanger sans intermédiaire. En plus, il y a toujours ces fameux « portefeuilles originels » ouverts par le(s) fondateur(s). Des adresses qui renferment pour 1 million de BTC. Au cours du marché actuellement, ça chiffre : la bagatelle de 47 milliards $. Pourtant, il n’y a pas un seul bitcoin qui a bougé depuis une décennie.

À décharge des « meurtriers » du bitcoin, concédons qu’il est difficile de cerner cet outil. Pour la première fois dans l’Histoire, un moyen permet d’authentifier, de transmettre et de suivre à la trace mathématiquement un actif financier numérique, sans intermédiaire de confiance. Pour mémoire, dans le logiciel Bitcoin, tous les participants sont incités à jouer le jeu honnêtement. Même si on ne se fait pas confiance, le système fonctionne.

Ça dépasse l’entendement de voir fonctionner sans autorité centrale de contrôle une technologie complètement ouverte, donc copiable librement. Mais existe-t-il une autorité suprême des mathématiques ou sont-elles régies par des preuves scientifiques établies et maintenus ? Il y a un consensus. Pareil pour le bitcoin.

À la fois technologie et monnaie intégré à son propre système, le bitcoin fascine et dérange. Un peu comme avec l’Internet il y a vingt ans. Des experts estimaient alors que les prédictions selon lesquelles Internet révolutionnerait le fonctionnement de la société se révélaient « extrêmement inexactes ». Les acteurs historiques, les groupes de télécommunication ou des postes, s’en inquiétaient. Pourtant, qui vend désormais de la data à tire-larigot et livre les colis du commerce en ligne ?

Il ne nous reste plus qu’à voir si le bitcoin mourra en 2022. Et combien de fois…

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