Ces 4 signaux d’alarme pour l’économie belge

Selon des organisations internationales telles que le FMI et la Commission européenne, la Belgique s’apprête à connaître des années de croissance économique très faible et de finances publiques chancelantes. Des interventions structurelles urgentes sont nécessaires pour inverser la tendance, mais le sens de l’urgence requis pour ce faire semble faire totalement défaut aux décideurs politiques actuels.

Ces dernières semaines, le FMI et la Commission européenne ont publié de nouveaux rapports, respectivement sur les perspectives économiques et sur la viabilité des finances publiques. Et ces deux rapports contiennent des signaux d’alarme notables pour l’économie belge.

1. Des perspectives de croissance en berne

Les prévisions du FMI portent sur les cinq prochaines années, et sont donc évidemment à interpréter avec prudence (il suffit de penser aux dernières années), mais elles donnent une indication de la trajectoire de notre économie, sans nouvelles surprises. Selon le FMI, l’économie belge croîtra d’à peine 1,2 % par an en moyenne au cours de cette période. Parmi les grands pays industrialisés, seuls le Japon et l’Italie feraient pire. Moins de croissance économique signifie moins de possibilités d’accroître la prospérité. Concrètement, il sera plus difficile d’augmenter le pouvoir d’achat, d’absorber l’augmentation des dépenses de pension (et par extension de l’ensemble de notre État-providence), de financer les investissements nécessaires à la transition durable… Toutefois, bon nombre des facteurs qui minent notre potentiel de croissance peuvent être traités : tensions sur le marché du travail, position concurrentielle affaiblie, incertitude quant aux plans fiscaux…

Perspectives de croissance faible pour l’économie belge – Croissance attendue 2023-2028

2. Des dépenses publiques élevées

Les dépenses publiques de la Belgique sont déjà parmi les plus élevées des pays industrialisés aujourd’hui, mais elles augmenteront encore dans les années à venir en raison de l’augmentation des dépenses liées au vieillissement et de la hausse des charges d’intérêt. Le FMI prévoit que les dépenses publiques totales de la Belgique atteindront 57 % du PIB d’ici 2028. La Belgique dépasserait ainsi la France et aurait effectivement les dépenses publiques les plus élevées des pays industrialisés. Malheureusement, cette politique est loin d’être la meilleure.

Dépenses publiques élevées – dépenses publiques totales

3. Des finances publiques fragiles

Ces dépenses publiques élevées ont évidemment un impact sur les finances de notre pays. Le déficit budgétaire atteindrait 5,7 % du PIB en 2028, soit le déficit le plus important des pays industrialisés, à l’exception des États-Unis. Avec la fin des mesures de crise, les finances publiques se redresseront quelque peu dans la plupart des pays industrialisés au cours des prochaines années, mais pas en Belgique. Sans intervention sérieuse, le déficit budgétaire continuera à se creuser progressivement dans les années à venir.

4. Un effort de près de 40 milliards

La Commission européenne procède chaque année à une analyse des finances publiques à long terme. Avec la Hongrie et la Slovaquie, la Belgique est le seul pays où les finances publiques présentent un « risque élevé » à la fois à moyen et à long terme. La stabilisation de la dette publique à son niveau actuel nécessitera un effort budgétaire de 39 milliards d’euros. Le drame qui a entouré l’effort de 1,8 milliard lors de la récente révision budgétaire illustre l’improbable difficulté de la tâche pour les prochains gouvernements.

Perspectives budgétaires inquiétantes – équilibre budgétaire prévu en 2028

Où est le sentiment d’urgence ?

Cet hiver, notre économie a relativement bien résisté : la récession attendue ne s’est pas concrétisée. Mais il n’y a pas lieu de céder à l’euphorie. Nous sommes toujours confrontés à des défis structurels importants qui convergent vers un potentiel de croissance inquiétant pour notre économie et l’état insoutenable de nos finances publiques. Les réponses politiques récentes à ces défis ont été déconcertantes : des réformes ou des efforts budgétaires minimes sont présentés comme des pas importants dans la bonne direction. Il s’agit plutôt de mesures marginales. Le sentiment d’urgence nécessaire pour agir réellement fait toujours défaut, même si les signaux d’alarme sont très clairs. Ce n’est guère rassurant pour notre prospérité future.


Bart Van Craeynest est économiste en chef au Voka et auteur du livre « Terug naar de feiten ».

MB

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