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L’AIE sort la sulfateuse contre le captage du CO2 : « Cela nécessite plus d’électricité que la demande mondiale actuelle »

L’AIE sort la sulfateuse contre le captage du CO2 : « Cela nécessite plus d’électricité que la demande mondiale actuelle »
Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, et une installation de GNL de Chevron qui est doté d’une technologie de captage du CO2. (DANIEL LEAL/AFP via Getty Images, Maree Williams/Bloomberg via Getty Images

Dans un rapport spécial dédié aux efforts que doivent fournir les géants du pétrole et du gaz pour soutenir la transition, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) porte un fameux coup à ce que ceux-ci présentent souvent comme une solution miracle. Les ambitions centrées autour du captage du CO2 n’ont aucun sens.

Dans l’actu : l’AIE gronde les producteurs de pétrole et de gaz.

  • Dans son rapport, l’agence souligne que les investissements de ces compagnies dans les énergies propres sont totalement insuffisants. Et elle tire à boulets rouges sur le captage du dioxyde de carbone.

1% des investissements mondiaux dans les énergies propres

La situation actuelle : intenable.

  • L’AIE a calculé les investissements dans les énergies propres de l’ensemble des compagnies pétrolières et gazières en 2022. Et elle les a évaluées. Conclusion ? C’est totalement insuffisant.
  • L’an dernier, ces compagnies y auraient ainsi consacré 20 milliards de dollars. Cela représente à peine 2,5 % de leurs dépenses d’investissement totales.
  • Aussi, les sociétés pétrolières et gazières ne représenteraient actuellement que 1% des investissements mondiaux dans les énergies propres.
    • Précision encore plus inquiétante : 60% de ces investissements ont été fournis par seulement quatre entreprises.

« L’industrie pétrolière et gazière est confrontée à un moment de vérité lors de la COP28 à Dubaï. Alors que le monde subit les conséquences d’une crise climatique qui s’aggrave, poursuivre le statu quo n’est ni socialement ni écologiquement responsable »

Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE.

Investir massivement dans les énergies propres et arrêter de croire au captage du CO2

Ce qu’il faut faire : passer plusieurs vitesses immédiatement.

  • Selon l’AIE, il n’y a qu’une option pour que les producteurs de pétrole et de gaz s’aligner vraiment sur les objectifs de l’Accord de Paris. Consacrer 50 % de leurs dépenses d’investissement à des projets d’énergie propre d’ici 2030, en plus des investissements nécessaires pour réduire les émissions de leurs propres opérations.
  • Encore faut-il convaincre les principaux concernés que ça leur sera bénéfique sur le plan financier. Car à en voir leurs plus récentes annonces, ils en doutent. Plusieurs d’entre eux ont repoussé des objectifs de réduction d’émissions et/ou de baisse de leurs investissements dans les énergies fossiles. C’est notamment le cas de deux supermajors :
    • BP s’était engagé à réduire de 40% ses investissements dans sa production de pétrole et de gaz d’ici 2030. Début d’année, le groupe britannique a indiqué que cette réduction serait finalement de 25%.
    • Shell avait promis de réduire chaque année de 1 à 2% sa production de pétrole d’ici la fin de la décennie. Elle est revenue sur sa décision : sa production restera stable.
  • Des décisions basées sur les juteux bénéfices réalisés l’an dernier grâce à l’envolée des prix du pétrole et du gaz, en partie liée à la guerre en Ukraine. Le filon fonctionne toujours : à quoi bon arrêter de tirer sur la corde ?
  • C’est là que l’AIE oppose son argument :  le pétrole et le gaz vont devenir moins rentables et plus risqués. « La valorisation actuelle des sociétés pétrolières et gazières privées pourrait chuter de 25% (…) si tous les objectifs nationaux en matière d’énergie et de climat sont atteints, et jusqu’à 60% si le monde s’efforce de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C », prévient l’agence.
    • La solution pour éviter pareille chute est toute trouvée : les énergies propres. Elles offriraient déjà un retour sur capital équivalent aux fossiles. Et les bénéfices ne devraient qu’augmenter par la suite.

Ce qu’il ne faut pas faire : croire en l’impossible.

  • Dans son rapport, l’AIE harponne également une solution prônée par à peu près toutes les compagnies pétrolières et gazières : le captage et le stockage du CO2.
  • « L’industrie doit abandonner l’illusion selon laquelle des quantités invraisemblablement importantes de captage du CO2 sont la solution », tance Birol.
  • Le constat de l’AIE est cinglant. En tenant compte de l’évolution prévue (selon les politiques actuelles) de la consommation de pétrole et de gaz, limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C nécessiterait un captage de 32 milliards de tonnes de carbone pour utilisation ou stockage d’ici 2050, dont 23 milliards de tonnes via le captage direct dans l’air.
  • Bien sûr, de prime abord, ces chiffres ne vous diront pas grand-chose. En fait, cela signifie que la quantité d’électricité nécessaire pour alimenter ces technologies serait… supérieure à la demande mondiale actuelle en électricité. « Tout à fait inconcevable », conclut l’AIE.

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