Budget européen: l’impossible équation de Charles Michel

Pour financer son green deal, l’Union européenne doit dégager d’énormes fonds. Problème: le secteur agricole se sent déjà lésé et certains pays ont l’impression d’être les vaches à lait de l’UE. Réunis lundi, les Etats membres ont massivement rejeté la proposition de budget de Charles Michel, président du Conseil européen.

En donnant son feu vert un peu plus tôt dans la journée ce lundi, la Commission von der Leyen parlait d’un ‘bon point de départ’. Tout le contraire du président du Parlement européen David Sassoli, qui a immédiatement qualifié la proposition de Charles Michel ‘d’insatisfaisante’.

Le budget européen s’établit pour la période 2021-2027. Et Charles Michel a proposé un budget fixé à 1,074% du revenu national brut de l’UE, soit quelque 1.094 milliards d’euros. Il s’agit d’une enveloppe en peu plus limitée que sous la précédente législature (1,114%). Le Parlement réclamait lui 1,3%.

‘Il y a des limites’

Qu’est-ce qui bloque ? D’abord les quatre pays dits ‘frugaux’ ne veulent pas devenir les vaches à lait de l’Europe. Il s’agit du Danemark, de la Suède, des Pays-Bas et de l’Autriche. Eux veulent limiter le budget à 1% du RNB. Chaque décimale représente en effet des milliards d’euros: ‘Nous sommes prêts à payer beaucoup plus à l’UE que nous n’en recevons. Nous bénéficions grandement de notre appartenance à l’UE et au marché unique. Cependant, il y a des limites’, ont-ils réagi.

Ces pays veulent pousser pour un budget qui fait la part belle à l’économie innovante, la lutte contre le réchauffement climatique, les migrations et la sécurité. Selon eux, ils payeraient, avec l’Allemagne, 75% du budget européen.

Mais un budget, c’est comme une balance. Ce qu’on gagne d’un côté, on le perd de l’autre. Or, Charles Michel coupe dans presque toutes les politiques historiques de l’UE: la politique agricole commune qui subventionne de longue date l’agriculture européenne et la politique de cohésion qui doit réduire les disparités entre pays.

Compromis

Dans le premier ‘camp’, on estime que le budget ne permettra pas de réaliser les ambitions vertes de l’UE. Dans l’autre, l’impression d’être lésé, de l’ordre de 50 milliards pour la PAC, domine.

Enfin, les ‘Amis de la cohésion (Bulgarie, République Tchèque, Chypre, Croatie, Estonie, Grèce, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Portugal, Slovaquie et Slovénie) ont un discours un peu plus nuancé, la précédente proposition leur étant encore moins favorable.

C’est l’équation impossible de Charles Michel. Un budget est un compromis. Il ne pourra pas, par essence, satisfaire tout le monde.

‘Personne n’est satisfait du compromis (de Charles Michel), peut-être que cela en fait un bon compromis’, a plaisanté Johannes Hahn, Commissaire au Budget. Mais qu’on ne s’y trompe pas, on est encore au début des négociations: ‘Prenez des chemises propres avec vous’, a-t-il adressé aux journalistes.

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