Un nouveau bon d’État sera émis en décembre. Reste à savoir s’il bénéficiera d’un allègement fiscal, ce qui dépendra de sa durée. Parallèlement, il existe un désaccord au sein de la Vivaldi sur les retombées de la précédente émission, en septembre, qui a fait basculer près de 20 milliards d’euros des comptes d’épargne vers le bon d’Etat à 1 an.
- Cet été, Vincent Van Peteghem (cd&v) a suscité un vif intérêt et des éloges pour le lancement de « son » bon d’État. Le ministre des Finances y voyait un moyen efficace de mettre la pression sur les grandes banques, qui depuis longtemps maintiennent des taux d’intérêt faméliques sur les comptes d’épargne, alors que les taux auxquels elles empruntent auprès de la Banque centrale européenne et nationale ont fortement augmenté.
- Cette situation a longuement alimenté les débats au sein de la Vivaldi : comment contraindre ces banques à augmenter leur taux d’épargne ? La gauche prônait des mesures drastiques, voire une obligation légale de suivre les taux de la BCE, tandis que les libéraux et le cd&v se montraient plus réticents. Van Peteghem a finalement réagi en lançant ce bon d’État, un titre de créance gouvernemental émis pour une durée d’un an.
- Pour renforcer son attractivité, Van Peteghem a exceptionnellement réduit à 15 % le précompte mobilier sur ces titres d’État d’un an. Cette mesure spéciale est en vigueur jusqu’à la fin de l’année, bien qu’elle ne soit pas encore totalement inscrite dans la loi, selon l’expert fiscal Michel Maus.
- Mais en termes de communication et de finances, l’obligation d’État a été un franc succès : Van Peteghem est apparu comme le « Robin des Bois » s’attaquant aux grandes banques et offrant un bon rendement aux épargnants, avec des milliards transférés des livrets d’épargne vers cette obligation.
- L’impact sur les sondages était évident pour Van Peteghem et son parti : le cd&v a enfin commencé à remonter dans la pente. Cela a également renforcé l’image de Van Peteghem en tant que gestionnaire habile et compétent, une qualité historiquement associée au cd&v. Cette semaine, Van Peteghem a annoncé un nouveau bon d’État pour le mois de décembre. Bien que cela ne soit pas une nouveauté en soi, la question reste de savoir s’il sera échu à court terme et s’il bénéficiera ou non d’une réduction fiscale. Ce point est encore incertain.
- Vendredi, le CEO de KBC, Johan Thijs, a nuancé quelque peu cette image de Robin des Bois : « Ce sont surtout les clients fortunés qui ont souscrit à ce bon d’État », a-t-il expliqué à De Standaard dans une interview. Il a partagé des données sur ses clients : « Chez KBC, un quart des épargnants possédant plus de 250 000 euros chez nous y ont souscrit. Pour les petits épargnants, avec jusqu’à 25 000 euros, seulement un sur cent a participé. »
- En d’autres termes, le bon d’État a été un cadeau fiscal pour les plus riches, une critique déjà formulée par des experts financiers, en référence à la réduction spéciale accordée par Van Peteghem par la baisse du précompte mobilier.
L’essentiel : la Vivaldi n’est pas unanime au sujet des grandes banques, et le bon d’État continue de susciter le débat.
- Jeudi, au Parlement, le parti Groen a également exprimé ses critiques : « Le bon d’État a profité aux plus aisés, sans renforcer la concurrence entre les grandes banques. Les taux d’épargne demeurent trop bas. Cela n’aide pas l’épargnant, surtout le petit », a critiqué Dieter Van Besien, expert financier de Groen, visant Van Peteghem. Il se réfère au rapport du gendarme de la concurrence, l’ABC, qui a sévèrement critiqué les grandes banques pour avoir maintenu de concert un faible taux d’épargne, sabotant ainsi l’obligation d’État comme alternative. « Cette étude confirme aussi notre conclusion », ajoute Van Besien.
- Vooruit s’est aussi montré critique au Parlement. La cheffe de groupe Melissa Depraetere (Vooruit) réclame depuis longtemps un levier plus puissant, un cadre juridique pour le taux d’épargne. « Nous pouvons commander 137 rapports et émettre 20 bons d’État, mais la conclusion reste la même : les grandes banques font ce qu’elles veulent et leurs clients n’en bénéficient pas. Quels accords contraignants allez-vous conclure avec ces banques ? », a-t-elle interrogé Van Peteghem.
- Van Peteghem a vivement défendu sa position contre les critiques de sa majorité. Il cite Febelfin, la fédération des grandes banques, qui « affirme clairement que le bon d’État a intensifié la concurrence sur le marché, stimulant ainsi la concurrence et incitant les épargnants à mobiliser activement leurs épargnes. »
- En outre, le ministre a fermé la porte à une intervention plus directe sur le marché : « Je suis convaincu qu’intervenir directement sur le taux d’épargne compromet non seulement la stabilité financière, mais ne favorise en aucun cas la concurrence. » La discussion reste donc ouverte au sein de Vivaldi.