L’expert en bourse Erik Joly sur la réduction de la participation de l’État belge dans BNP Paribas : « Un timing parfait »

Il est logique que l’État belge réduise sa participation dans le groupe bancaire français BNP Paribas Fortis, estime Erik Joly, stratège en investissement chez ABN Amro Private Banking. « Et en plus, le timing est parfait, compte tenu du cours élevé de l’action BNP. »

Dans l’actu : l’État belge a décidé de vendre une partie de sa participation dans BNB Paribas, a-t-on appris en début de semaine. Ce qui lui a rapporté environ 2,2 milliards d’euros. Sa participation passe ainsi de 7,8% à 5,1%.

L’historique : lors de la crise bancaire de 2008-2009, le groupe financier belgo-néerlandais Fortis a dû être secouru par les gouvernements, pour finalement être démantelé.

  • Fortis Banque Belgique, la plus grande banque du pays, a été vendue au groupe français BNP Paribas. Depuis, la banque s’appelle BNP Paribas Fortis.
  • Le groupe Fortis coté démantelé, qui incluait toujours les activités d’assurance belges, a retrouvé un nouveau souffle en tant qu’Ageas.
  • Dans le cadre de l’accord avec BNP Paribas, l’État belge est devenu un actionnaire majoritaire du groupe français.

L’analyse : « Une opération logique », selon Erik Joly.

  • « Force est de constater que notre pays ne considère pas vraiment cette participation comme stratégique. Cela a aussi du sens, car à quoi bon détenir une participation dans une entreprise dont le pouvoir de décision ultime est à l’étranger ? Donc, dans ce sens, cette réduction de participation n’est pas illogique. »
  • « Il fallait attendre le bon moment. Le cours de l’action BNP Paribas n’a dépassé les 60 euros qu’à quelques reprises ces dernières années. Peut-être que cette vente était déjà prévue, mais tout le monde a été pris de court par l’invasion de l’Ukraine. Désormais, il y a une certaine accoutumance à ce conflit sur les marchés financiers. Le cours de l’action est à nouveau élevé et les gens en ont profité pour encaisser les intérêts. »
  • « Le 28 février, l’action BNP Paribas a même atteint un prix record, à plus de 66 euros. On peut donc dire que l’État belge a eu le nez fin en matière de timing », ajoute-t-il.

L’avenir : le ministre des Finances Vincent van Peteghem (cd&v) a annoncé que la SFPI, la société d’investissement de l’État fédéral, utilisera environ les trois quarts du produit de cette opération pour augmenter les participations dans l’assureur Ageas et le gestionnaire de titres Euroclear. Le reste servira à réduire quelque peu la dette nationale.

Joly : « D’un point de vue stratégique, il est parfaitement compréhensible d’ancrer davantage ces participations, vu qu’il s’agit de deux sociétés dont le siège social est belge. C’est une démarche logique pour sauvegarder des intérêts dans des entreprises purement belges et en conserver le contrôle. »

(OD)

Plus