BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, qui a notamment des intérêts dans le secteur bancaire ou les énergies fossiles, a été engagé par l’UE pour travailler sur d’éventuelles nouvelles règles environnementales pour les banques, a révélé The Guardian le week-end dernier.
La tâche de BlackRock sera de déterminer la meilleure manière pour l’Europe d’intégrer les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la supervision bancaire. La firme américaine a remporté un appel d’offres lancé en ce sens par la Commission européenne. Cette dernière lui versera 550.000 euros pour l’étude en question.
Au 31 décembre, peu avant la crise mondiale provoquée par la pandémie de coronavirus, BlackRock détenait pour 7.430 milliards de dollars d’actifs sous gestion. La majorité de ceux-ci se trouvent dans des produits financiers qui suivent les indices d’actions et d’obligations. Cela signifie que la firme contrôle des participations importantes dans un grand nombre d’entreprises.
Selon The Guardian, BlackRock fait partie des trois premiers investisseurs dans les huit plus grandes compagnies pétrolières du monde et est l’un des dix premiers investisseurs dans les douze plus grosses banques à l’échelle mondiale.
En début d’année, BlackRock a toutefois pris des mesures pour faire de la durabilité environnementale un élément central de ses activités.
‘Comme laisser le renard garder le poulailler’
Mais cela n’empêche pas les militants écologistes de s’inquiéter des multiples conflits d’intérêts qui risquent d‘accompagner cette décision de la Commission. ‘Nommer BlackRock en tant que conseiller de la Commission européenne sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), c’est comme laisser le renard garder le poulailler’, résume Katrin Ganswindt, militante chez Urgewald, une ONG de défense de l’environnement et des droits de l’homme, dans The Guardian. ‘En plus d’être le premier investisseur mondial dans les combustibles fossiles, il est également l’un des principaux financiers mondiaux de l’industrie de l’armement. Nous sommes perplexes quant à la raison pour laquelle la Commission européenne ne pensait pas que ce choix entraînerait un conflit d’intérêts massif.’
Les conseils formulés par BlackRock influenceront en effet les décisions prises par les régulateurs bancaires européens. Or les questions ESG pourraient avoir des effets financiers importants sur les entreprises dont BlackRock détient des actions.
Par ailleurs, The Guardian note qu’entre 2015 et 2019 BlackRock s’est opposé ou abstenu dans 82% des résolutions d’actionnaires liées au climat dans les sociétés dont il a géré les actions.
‘Respect total et strict des règles de l’UE’
Selon un porte-parole de la Commission européenne, le contrat a été attribué ‘dans le respect total et strict des règles de l’UE applicables aux marchés publics, notamment celles concernant l’éligibilité des soumissionnaires et la prévention de tout conflit d’intérêts potentiel’.
L’offre de BlackRock était meilleure que celle de ses concurrents, conclut-il.
De son côté, BlackRock assure que son activité de conseil est séparée de celle de la gestion des investissements.