Selon un rapport du Boston Consulting Group (BCG) et de CO2 AI, seule une grande entreprise sur dix connaît et est capable de mesurer correctement ses émissions de CO2. Un chiffre qui n’a pas bougé d’un iota en un an. Pourtant, il apparaît que mieux contrôler ce paramètre peut rapporter gros.
Dans l’actu : les entreprises très peu conscientes de leur impact sur l’environnement.
- Le rapport du BCG met en lumière la stagnation des connaissances des plus grandes entreprises de ce monde vis-à-vis de leur bilan carbone. A priori, elles sont moins inconscientes que démunies.
Les détails : que savent les entreprises de leur bilan carbone ?
- Pour mener leur étude, BCG et CO2 AI ont interrogé les responsables « émissions » de 1.850 entreprises actives dans 18 grands secteurs et réparties dans 23 pays différents. Il s’agit essentiellement de sociétés de grande taille : au moins 1.000 employés et un chiffre d’affaires annuel allant de 100 millions à plus de 10 milliards de dollars.
- Seuls 10% de ces entreprises disent mesurer de manière exhaustive toutes leurs émissions. Soit exactement le même chiffre que lors de l’étude de l’année passée.
- En classant les entreprises par continent, on remarque que certaines régions font plus d’efforts que d’autres. Il y a notamment du mieux en Asie-Pacifique, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud.
- « Les entreprises européennes avaient un réel temps d’avance, mais elles se sont comme endormies sur leurs lauriers », commente pour Les Echos Charlotte Degot, CEO de CO2 AI.
- Seuls 14% d’entre elles déclarent réduire leurs émissions conformément à leurs ambitions. Soit 3 points de pourcentage de moins par rapport à 2022.
- Le rapport n’est pas totalement pessimiste. Il en ressort aussi qu’un nombre grandissant d’entreprises mesurent et déclarent partiellement leurs émissions. Et qu’elles sont plus nombreuses à se fixer des objectifs de réduction des émissions du Scope 3. C’est-à-dire celles qui ne concernent pas la fabrication de leurs produits, mais tout le reste de leur cycle de vie : des fournisseurs à la fin de vie en passant par leur utilisation.
- Ce sont les plus difficiles à quantifier et elles sont un peu plus importantes que celles liées aux activités opérationnelles. Voir davantage d’entreprises s’en soucier est donc encourageant.
Pourquoi les entreprises n’arrivent-elles pas à juguler leur bilan carbone ?
Les explications : ce n’est pas tellement un manque de bonne volonté.
- Si une bonne partie des entreprises n’en font pas davantage, c’est à cause des conditions macroéconomiques difficiles et des contraintes de capital, expliquent-elles. Mais ce n’est pas tout.
- BCG et CO2 AI notent que le manque de maturité des indicateurs de mesures à leur disposition constitue aussi un fameux obstacle.
- Enfin, le rapport met en lumière quatre caractéristiques communes aux (rares) bonnes élèves, qui devraient inspirer les moins bonnes. À savoir :
- Collaborer avec les fournisseurs et les clients sur la mesure et la réduction des émissions.
- Calculer les émissions au niveau du produit. Depuis les matières premières jusqu’à sa distribution.
- Exploiter la puissance de la technologie numérique dans le processus de gestion des émissions. Notamment l’intelligence artificielle.
- Considérer que les réglementations en matière de déclaration des émissions sont un facteur clé de réduction. C’est-à-dire de les percevoir comme des alliées et non des contraintes.
« L’IA devrait jouer un rôle plus important dans la gestion des émissions. 30% des sondés prévoient d’étendre le déploiement d’outils basés sur l’IA au cours des trois prochaines années à diverses fonctions. »
Hubertus Meinecke, responsable climat et développement durable au BCG
La carotte : de très beaux bénéfices à la clé.
- L’argument éthique ne suffit pas à pousser les entreprises à faire plus d’efforts pour réduire leurs émissions ? Un autre argument (a priori imparable) ressort du rapport : les alléchants bénéfices qu’une telle initiative engendre.
- 40% des responsables sondés ont estimé un bénéfice financier annuel d’au moins 100 millions de dollars pour atteindre les objectifs de réduction des émissions. C’est 3 points de pourcentage de plus par rapport à l’enquête de l’année dernière.
- Des retombées financières positives liées à la valeur de la réputation, la réduction des coûts d’exploitation, une plus grande conformité réglementaire, des évaluations plus élevées, une augmentation des revenus, l’amélioration de l’attraction et de la rétention des talents, et des économies d’impôts.