Ce mardi, Joe Biden devait discuter avec Vladimir Poutine au sujet de la situation à la frontière russo-ukrainienne. À en croire un de ses conseils, le président américain s’est montré très clair sur ce qui attendait la Russie si elle se décidait à envahir l’Ukraine.
Depuis plusieurs mois, la Russie amasse des dizaines de milliers d’hommes et des équipements militaires dans les régions frontalières à l’Ukraine. Cette dernière a peur d’être bientôt la cible d’une invasion, et les renseignements américains ont confirmé que ces craintes étaient légitimes.
Pour empêcher une telle chose de se produire, Joe Biden s’est entretenu au téléphone avec Vladimir Poutine ce mardi. Selon le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, le président américain n’a pas tergiversé et a expliqué, en détail, à son homologue russe ce qu’il se passerait s’il déclenchait une attaque envers l’Ukraine.
« Prêts à faire ce que nous n’avons pas fait en 2014 »
Selon Sullivan, cité par CNN, Biden « a été direct et franc avec le président Poutine, comme il l’est toujours ». « Il n’y a pas eu de prise de bec, mais le président a été très clair sur la position des États-Unis sur toutes ces questions », a-t-il assuré. En tout, leur discussion aura duré deux heures, avec quelques autres sujets sur la table (ransomwares et Iran notamment).
D’une part, Biden a, comme prévu, brandi la menace de lourdes sanctions économiques. Nous vous expliquions hier la forme qu’elles pourraient prendre. « Les choses que nous n’avons pas faites en 2014, nous sommes prêts à les faire maintenant », a lancé Biden à Poutine en le regardant dans le blanc des yeux, selon Sullivan. En 2014, lorsque Biden était vice-président, les sanctions économiques infligées à la Russie ne l’avaient pas empêchée à envahir la Crimée.
D’autre part, le président américain indiqué que les États-Unis étaient prêts à renforcer les capacités de défense dans la région. « Nous fournirions du matériel défensif supplémentaire aux Ukrainiens, au-delà de ce que nous fournissons déjà, et nous fortifierions nos alliés de l’OTAN sur le flanc est avec des capacités supplémentaires en réponse à une telle escalade », a prévenu Biden, toujours d’après Sullivan.
Ça, c’est sur le plan des menaces qui seront mises à exécution en cas d’invasion russe. Mais les États-Unis espèrent toujours éviter une telle situation, et ils ne sont d’ailleurs toujours pas certains que Poutine envisage réellement une attaque. L’autre option sur la table est donc la désescalade et la diplomatie.
« Les États-Unis et nos alliés européens s’engageraient dans une discussion plus large qui couvre les questions stratégiques, y compris nos préoccupations stratégiques avec la Russie et les préoccupations stratégiques de la Russie. Nous avons réussi à le faire au plus fort de la guerre froide et nous avons développé des mécanismes pour aider à réduire l’instabilité et à accroître la transparence », a détaillé Sullivan.
Quelle est la version russe ?
Du côté russe, les réactions à l’issue de la conversation n’ont pas été très surprenantes. La réponse de Poutine a été la même que celle des derniers mois: la Russie ne préparerait aucune invasion de l’Ukraine. « Il n’y a même pas eu une telle discussion. Que voulez-vous dire par faire venir des troupes, qu’est-ce que c’est – une invasion, ou quoi ? C’était hors de question », a déclaré l’assistant de Poutine durant la discussion, Yury Ushakov.
En outre, Ushakov a fait savoir que Poutine a dit à Biden que si les Américains s’inquiètent de la présence de troupes russes à des milliers de kilomètres des États-Unis, Moscou est « vraiment inquiet pour notre sécurité, la sécurité de la Russie dans un sens global. »
« En réponse [à Biden], Vladimir Poutine a souligné que la responsabilité ne devait pas être transférée sur les épaules de la Russie, puisque c’est l’OTAN qui tente dangereusement de conquérir le territoire ukrainien et qui renforce son potentiel militaire à nos frontières », précise le communiqué du Kremlin. « Par conséquent, la Russie est sérieusement intéressée par l’obtention de garanties fiables et juridiquement fixées excluant l’expansion de l’OTAN en direction de l’est et le déploiement de systèmes d’armes de frappe offensive dans les États adjacents à la Russie. »
La Russie a donc prévenu les Etats-Unis qu’elles n’accepteraient pas une intégration de l’Ukraine à l’OTAN: c’était attendu.
Et maintenant ?
Peu après sa discussion avec Poutine, Biden s’est entretenu sur le sujet avec ses alliés européens. A savoir le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre italien Mario Draghi et le Premier ministre britannique Boris Johnson. Selon un communiqué de la Maison Blanche, ces dirigeants « ont souligné leur soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi que la nécessité pour la Russie de réduire les tensions et de s’engager dans la diplomatie ».
Un débriefing a également eu lieu avec les ambassades des membres de l’OTAN, des membres de l’UE et des principaux alliés indo-pacifiques. Jeudi, Biden s’entretiendra personnellement avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Pour l’instant, aucune décision finale n’a été prise quant au moment d’appliquer (ou non) de nouvelles sanctions à l’égard de la Russie, relatives à ses déploiements à la frontière ukrainienne. Le gouvernement Biden veut à tout prix que, si des sanctions sont mises en places, la manœuvre soit coordonnée avec les alliés européens.