Dans la London Review of Books, le journaliste Seymour M. Hersh nie la version de la Maison Blanche concernant le raid que des Navy Seals ont mené en mai 2001 dans la résidence secrète d’Oussama Ben Laden à Abbottabad, au cours duquel ce dernier a perdu la vie.
Hersh est un journaliste d’investigation respecté qui a obtenu le prix Pulitzer après avoir dévoilé le massacre de My Lai au monde entier lors de la Guerre du Vietnam. Pendant des décennies, il a beaucoup écrit à propos de l’armée américaine, et il a notamment contribué à la rédaction du New Yorker depuis 1993.
Il juge que le récit de la Maison Blanche, selon lequel cette opération avait été entièrement menée par l’Etat major américain sans la participation ni la connaissance des autorités et des services secrets du Pakistan, est « digne d’un conte de Lewis Carroll ».
Ainsi, il la remet en cause sur les 4 points suivants :
- Ben Laden ne se cachait pas au Pakistan, mais il était prisonnier de l’armée pakistanaise depuis 2006. L’Arabie Saoudite aurait payé pour sa subsistance.
- Les services secrets américains n’auraient pas eu recours au « waterboarding » ou autres méthodes cruelles d’interrogation pour extorquer des renseignements concernant l’endroit où se cachait le terroriste. Ces informations auraient été spontanément données par un informateur qui aurait contacté les autorités américaines au Pakistan, et qui se serait fait remettre la somme de 25 millions de dollars en échange.
- Les Navy Seals n’auraient pas essuyé de tirs à l’approche du terroriste, mais ils seraient montés en toute quiétude par les escaliers et l’auraient tué alors qu’il était désarmé.
- Le corps de Ben Laden n’a probablement pas été jeté à la mer, tel que cela a été affirmé par les autorités américaines. Les parties de son corps déchiqueté par les balles auraient été dispersées par les Navy Seals depuis leur hélicoptère en plein vol sur les montagnes du massif de l’Hindi Kush lors de leur retour en Afghanistan.
« Le mensonge de haut niveau demeure cependant le mode opératoire de la politique américaine, de même que les prisons secrètes, les attaques de drones, les raids nocturnes des Forces spéciales, en contournant la chaîne de commandement, et en excluant tous ceux qui pourraient dire non », conclut-il.