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Et si la BCE ne parvenait pas à contrôler l’inflation ? Les banques risqueraient d’être durement touchées

Et si la BCE ne parvenait pas à contrôler l’inflation ? Les banques risqueraient d’être durement touchées
Christine Lagarde – Hollie Adams/Bloomberg via Getty Images

La Banque centrale européenne (BCE) est sur le point de relever ses taux d’intérêt. Selon les critiques, le régulateur prend cette décision beaucoup trop tard. Si Christine Lagarde et son équipe ne parviennent pas à tempérer l’inflation, les banques risquent de prendre un coup.

L’inflation ne semble pas s’essouffler. Par exemple, la vie dans notre pays est devenue 9,65% plus chère en juin que l’an dernier à la même époque. Il s’agit du taux d’inflation le plus élevé depuis octobre 1982. Ailleurs en Europe, les consommateurs doivent également faire face à une inflation sans précédent. Toutefois, certains pays parviennent mieux que d’autres à contenir la hausse des prix. Les chiffres d’Eurostat, par exemple, montrent que l’inflation en France et à Malte a été « limitée » à 5,8 % en mai.

Hausse des taux de la BCE

Dans tous les cas, la BCE est sous pression pour intervenir. Lors du forum d’été du régulateur au Portugal, Lagarde a réaffirmé qu’il y aura une hausse des taux d’intérêt de 25 points de base en juillet. Même si de plus en plus de membres du conseil d’administration de la BCE appellent à une hausse des taux de 50 points de base dans les mois à venir. Klaas Knot, gouverneur de la Nederlandsche Bank (DNB), et Martins Kazaks, président de la banque centrale de Lettonie, y sont favorables.

Néanmoins, une forte hausse des taux d’intérêt n’est pas sans risque. Si les taux d’intérêt augmentent trop rapidement, il y a un risque de récession ou de stagflation. Les banques centrales sont donc confrontées à des considérations complexes lorsqu’elles formulent leurs politiques. C’est certainement le cas pour la BCE. Les problèmes des chaînes d’approvisionnement et la guerre en Ukraine peuvent être les principaux moteurs de l’inflation, mais la situation de chaque pays peut être différente.

En Allemagne, par exemple, l’inflation est alimentée par un marché du travail tendu et une demande croissante. Parallèlement, les pressions sur la chaîne d’approvisionnement sont la principale cause de l’inflation en Italie et en France. Cette hétérogénéité peut donner lieu à des discussions sur la politique à mener.

Impact sur les banques européennes

Oliver Wyman, à la tête d’une société américaine de conseil en gestion, estime dans une note que l’approche de la BCE en matière d’inflation pourrait avoir des conséquences importantes pour le secteur bancaire européen. Si le régulateur ne parvient pas à maîtriser la dévaluation de la monnaie et que les forces de récession persistent, les banques risquent de se retrouver en difficulté.

Dans le scénario ci-dessus, il devient de plus en plus difficile pour les ménages et les entreprises d’assurer le service de leurs dettes, ce qui augmente le risque de défaut de paiement. Cela annule pratiquement l’avantage de la hausse des taux d’intérêt. Dans une situation normale, les banques bénéficient de taux d’intérêt plus élevés car leurs marges bénéficiaires augmentent.

Moins de commissions

Les banques recevront également moins de commissions. Leurs clients seront moins disposés à investir. Lorsque l’inflation est élevée, ils ont besoin de leurs capitaux pour financer toutes sortes d’autres choses, comme l’énergie et la nourriture. En outre, les actifs d’investissement continueront de diminuer, notamment en raison de la hausse des taux d’intérêt. Dans un tel cas, il y a une chance que les investisseurs cessent d’investir.

« En réponse, les banques auront tendance à répercuter ces coûts sur leurs clients,
en augmentant les frais pour d’autres services (paiements, transactions, etc.) », préviennent les auteurs du document.

La hausse des taux d’intérêt obligera par ailleurs les banques à échanger des obligations (d’État) à faible rendement contre des titres de créance assortis d’un coupon plus élevé. La vente de ces obligations d’État entraînera des pertes pour les banques, car ces titres ont une valeur moindre sur le marché secondaire (lorsque les taux d’intérêt sont élevés). « Pour compenser cette perte immédiate, les banques devront remplacer leurs investissements en réorganisant leurs portefeuilles. Ils chercheront des obligations à coupon plus récent offrant des rendements plus élevés, mais cela prendra des années », analyse Oliver Wyman.

(CP)

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