Alors que l’été fait rage et que les températures augmentent, la grande question que tout le monde se pose, c’est plutôt si nous aurons froid cet hiver, avec des prix de l’énergie au plus haut et des stocks probablement insuffisants dans la plupart des pays européens. Et si l’UE cherche activement de nouveaux fournisseurs, en particulier de gaz, pour pallier la fermeture annoncée de la filière russe, d’autres cherchent plutôt à optimiser le stockage de l’énergie.
C’est ce à quoi travaille, entre autres, la startup finlandaise Polar Night Energy : mettre au point un système de stockage de chaleur alimenté par l’énergie du vent ou du soleil, et qui pourra restituer l’énergie ainsi accumulée une fois la saison froide arrivée.
Un concept qui n’a rien de nouveau
Le système de stockage de l’énergie n’est pas nouveau, et il a déjà été mis en application avec des systèmes de réservoirs d’eau ainsi que, de manière plus expérimentale, une grande tour à gravité en Suisse. Et l’idée derrière n’a rien de bien sorcier : il suffit de stocker l’excédent d’énergie produit durant les périodes où celle-ci est la plus abondante, donc la moins chère, avant de la relâcher dans le système quand elle se fait rare. Mais c’est la première fois que celle-ci est mise en œuvre via un silo à sable.
La startup utilise pour se faire une réserve de 100 tonnes de sable, le matériau le plus pas de gamme utilisé dans le secteur de la construction, stockée dans un conteneur en acier de 7 mètres de hauteur. L’air chaud soufflé par des tuyaux réchauffe le sable, qui est capable de stocker de la chaleur à environ 500-600 °C pendant des mois, de sorte que l’énergie produite en été peut être utilisée pour chauffer les maisons en hiver. Polar Night Energy affirme avoir une puissance de chauffage de 100 kW et une capacité énergétique de 8 MWh.
Chauffer l’hiver avec l’énergie de l’été
Polar Night Energy vient en effet de lancer l’exploitation commerciale d’un silo de stockage de chaleur par le sable, le premier au monde, dans la ville de Kankaanpää, en Finlande. Le site est connecté aux sources d’énergie qui alimentent la ville, mais aussi à un centre de données, dont la chaleur résiduelle est aussi pompée pour alimenter la « batterie à sable ». Lorsque les prix de l’énergie sont plus élevés, le système évacue sa chaleur en la transférant à l’eau du système de chauffage de l’usine locale de Vatajankoski, partenaire du projet.
« Cette innovation s’inscrit dans le cadre de la transition énergétique intelligente et verte », argumente Markku Ylönen, le PDG de la startup finlandaise. « Le stockage de la chaleur peut contribuer de manière significative à accroître la part des énergies renouvelables dans le réseau électrique. En même temps, nous pouvons amener la chaleur résiduelle à un niveau utilisable pour chauffer une ville. Il s’agit d’une étape logique vers la production de chaleur sans combustion. »
Une piste nordique qui, en tout cas, en intéresse d’autres : le National Renewable Energy Laboratory des États-Unis étudie aussi le potentiel du sable pour le stockage de l’énergie.