Le formateur Bart De Wever (N-VA) envisage une piste pour former un gouvernement fédéral sans Vooruit, mais avec Open Vld. MR y est favorable, tandis que cd&v et Les Engagés ne se montrent pas immédiatement favorables à cette option.
Principaux renseignements
- Bart De Wever discute avec Open Vld pour une éventuelle entrée au gouvernement fédéral.
- Open Vld est prêt à discuter. MR voit cela comme une bonne solution, tandis que cd&v et Les Engagés sont plus réservés.
- L’idée d’un gouvernement avec pouvoirs spéciaux est également sur la table.
Dans l’actualité : Bart De Wever et la présidente d’Open Vld, Eva De Bleeker, ont eu un contact téléphonique.
- Maintenant que Vooruit a refusé la supernote de De Wever, ce dernier explore publiquement une autre option pour former un gouvernement. La semaine dernière, il avait déjà été rapporté que De Wever avait contacté Open Vld, et cela est désormais confirmé. De Wever a appelé la présidente Eva De Bleeker. Ce qu’il attend exactement d’Open Vld reste incertain. « J’ai accepté l’invitation du formateur pour une discussion. Nous allons discuter du contenu de notre conversation en interne », a déclaré De Bleeker dans un message sur X.
- Le principal obstacle soulevé la semaine dernière est que la coalition avec N-VA, cd&v, MR, Les Engagés et Open Vld disposerait d’une majorité très étroite : la coalition n’aurait qu’un siège de plus. Le président de cd&v, Sammy Mahdi, a qualifié cette option d’« inenvisageable ». Et même au sein d’Open Vld, des doutes subsistent : « La coalition Arizona est en réalité une coalition logique », a déclaré Egbert Lachaert (Open Vld). Cependant, il n’a pas fermé la porte à une collaboration : « Si notre pays explose (…) nous sommes des démocrates responsables et on connaît notre numéro de téléphone. »
- La Belgique n’a pas encore explosé, mais De Wever a peu de temps. Mardi prochain, il doit à nouveau se rendre auprès du roi Philippe pour lui faire un rapport sur ses discussions avec Open Vld et les autres partis. Le roi conserve pour l’instant la démission de De Wever en suspens en attendant cet entretien. Il restera à voir quelle sera la prochaine étape : De Wever restera-t-il en tant que formateur ou le roi nommera-t-il d’abord un informateur pour explorer les possibilités avec Open Vld ?
- Pendant ce temps, Vooruit n’est plus tenu informé des discussions que mène De Wever. Les socialistes ne reprendront les discussions avec lui qu’après son rapport au roi. Ainsi, la coalition Arizona est officiellement mise de côté.
Mahdi souhaite poursuivre avec Arizona
Les réactions : Bouchez est favorable à une collaboration avec Open Vld, contrairement à Mahdi et Prévot (pour l’instant).
- Le président Georges-Louis Bouchez (MR) en a assez de Vooruit. « Nous négocions depuis cinq mois avec Vooruit, mais ce parti refuse toujours de discuter sur la base de la supernote. À un moment donné, il faut arrêter les jeux puérils. Si cela ne fonctionne pas, alors nous ferons sans eux », a-t-il déclaré à la VRT.
- Bouchez maintient cette position depuis une semaine. Selon lui, une majorité étroite de 76 sièges sur les 150 de la Chambre ne pose pas de problème : « Il existe des exemples de gouvernements avec une majorité d’un siège. A l’étranger, il existe même des gouvernements minoritaires. »
- Mais Mahdi n’est toujours pas convaincu. « Pour mener des réformes majeures, il faut une large majorité », a-t-il déclaré dans Villa Politica. Ce qui ne serait pas le cas avec Open Vld. Mahdi préfère une coalition Arizona avec Vooruit, qu’il considère toujours comme possible : « Il est important de rappeler à chacun ses responsabilités. Je reçois des signaux de tous les partis selon lesquels quelque chose est encore possible si tout le monde fait des concessions. »
- Maxime Prévot (Les Engagés) partage l’avis de Mahdi. « Nous avons demandé au formateur d’explorer d’autres pistes pour ramener Vooruit à la table des négociations. Une telle coalition serait mathématiquement plus large et plus stable, plus équilibrée politiquement et souhaitable au regard du combat que nous menons en tant que mouvement centriste. Elle correspond également davantage aux souhaits des électeurs et à leurs votes », a-t-il déclaré à l’agence de presse Belga. Prévot considère que le fait que De Wever sollicite Open Vld est « prématuré ».
- Le Premier ministre démissionnaire Alexander De Croo (Open Vld) a affirmé que son parti est prêt à coopérer pour trouver des solutions. « Nous sommes toujours prêts à écouter et nous voulons bien voir comment nous pouvons aider », a-t-il déclaré à la VRT. « Nous devrons prendre le temps d’évaluer si c’est possible pour nous. Ils négocient depuis cinq mois sans nous. Nous devons voir ce qui est exactement sur la table. »
Éviter un gouvernement trop à droite
Analyse : La réticence de cd&v et de Les Engagés est avant tout idéologique.
- Vooruit refuse d’adhérer à la supernote de De Wever, car les socialistes estiment que les charges ne sont pas réparties équitablement. Ils plaident pour un impôt supplémentaire sur la fortune, afin de cibler les revenus les plus élevés, et refusent une réduction de l’impôt. En outre, Vooruit insiste sur la nécessité d’une taxe sur les plus-values des actions, à laquelle MR s’oppose depuis longtemps.
- Cd&v et Les Engagés se sont dits déçus que le président de Vooruit, Conner Rousseau, refuse de discuter. Mahdi et Prévot estiment que, malgré les divergences, il est encore possible de dialoguer. Surtout, ils espèrent éviter un gouvernement trop à droite. Vooruit, cd&v et Les Engagés refusent tous de réduire les dépenses dans les soins de santé. Les Engagés espéraient que Vooruit partage leur position, mais si ce parti se retire, ce sera aux deux partis centristes de représenter la gauche.
- Il est cependant possible que l’option avec Open Vld soit explorée davantage, ne serait-ce que pour constater qu’elle ne fonctionne pas. « Cette option est sérieusement étudiée », confie un négociateur au journal De Standaard, « ne serait-ce que pour pouvoir l’écarter. Ainsi, on pourra dire à MR que la tentative a été faite. »
Un gouvernement d’urgence comme solution ?
À suivre : Une décision doit être prise rapidement.
- Bouchez estime qu’il ne faut pas tergiverser. « Nous devons nous mettre à table pour négocier un budget d’ici le début de la semaine prochaine, afin de l’approuver avant la fin de l’année. Ne pas le faire serait irresponsable », déclare-t-il.
- Ainsi, le plan d’un gouvernement d’urgence doté de pouvoirs spéciaux est également à l’étude. Open Vld ne ferait alors pas partie intégrante du gouvernement, mais soutiendrait ses mesures. Mahdi se dit « encore plus opposé » à cette idée qu’à celle d’un gouvernement avec Open Vld. « Le rôle de contrôle du parlement est essentiel. Tout le monde peut appeler tout le monde, mais nous avons besoin d’une large majorité. »
- De Croo se prononce en faveur d’un gouvernement d’urgence avec pouvoirs spéciaux. « Nous devons garantir l’adoption d’un budget et de certaines réformes d’ici la fin de l’année, pour éviter tout dérapage dans notre pays », a-t-il déclaré.
Rappel : Selon le nouveau cadre budgétaire européen, la Belgique doit viser un déficit structurel de 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2028 ou, avec suffisamment de réformes et d’investissements, de 1,2 % d’ici 2031. La Commission européenne attend un plan d’action d’ici la fin de l’année. En cas de non-respect, des contrôles plus stricts et des amendes pourraient être imposés.