Les banques centrales du monde entier n’ont jamais acheté autant d’or depuis 2013

Au Premier trimpestre de cette année, les banques centrales du monde entier ont acquis 145,5 tonnes d’or, soit 68 % de plus qu’au cours de la même période l’année dernière, révèlent des chiffres du World Gold Council (WGC). C’est aussi le niveau le plus élevé depuis 2013.

Sur les quatre derniers trimestres, les achats d’or auprès des banques centrales ont atteint le niveau record de 716 tonnes.

La Russie demeure le plus gros acheteur

La Russie demeure le plus gros acheteur d’or, avec 55 tonnes, devant la Turquie (40 tonnes) et la Chine (33 tonnes). Cependant, selon Alistair Hewitt, responsable de la recherche au World Gold Council, même si les transactions devraient encore être nombreuses d’ici la fin de cette année, elles ne devraient pas culminer aux volumes qui avaient été atteints l’année dernière.

Les achats d’or ont concerné des pays coutumiers de ce type de placement, tels que le Kazakhstan et la Turquie, mais on constate aussi des pays plus inhabituels. L’Équateur, par exemple, a décidé cette année d’acquérir de l’or pour la première fois depuis cinq ans. Le Qatar et la Colombie ont également effectué de gros achats au cours du dernier trimestre.

Une volonté de « dédollarisation »

Selon Bloomberg, ce qui est remarquable, c’est que ces pays sont principalement ceux qui souhaitent réduire leur dépendance au dollar. Avec ces achats, ces banques centrales cherchent en effet à « dédollariser » les économies de leurs pays respectifs, en substituant cet or à leurs réserves en dollars. Très souvent, il s’agit de pays qui disposent de réserves d’or moins importantes que la plupart des pays d’Europe occidentale.

La suprématie du dollar est en effet intacte. Outre son statut de monnaie de réserve mondiale, qui implique qu’il est employé dans 60 % des réserves en devises contre 20 % pour l’euro  et 1,4 % pour le yuan chinois, il est aussi le moyen de paiement privilégié dans le commerce international.

Le dollar est également la monnaie de la plupart des économies émergentes. La Turquie, par exemple, règle 60 % de ses importations en dollars américains, alors qu’à peine 7 % de ces importations proviennent effectivement des États-Unis.

Or, depuis son accession au pouvoir, le président américain Donald Trump a durci les sanctions économiques à l’égard de plusieurs pays, dont la Russie. Il a ainsi démontré qu’il comptait utiliser le dollar comme une arme. Depuis, différents pays, dont la Chine, la Russie, le Venezuela et même l’Union européenne, ont pris des mesures pour s’affranchir de la dépendance à l’égard du dollar dans les transactions internationales.

La Russie et la Chine sont particulièrement actives

La Russie a par exemple revendu une grande partie de ses réserves en dollars pour acheter de l’or. Elle travaille activement avec les autres États membres de l’Union économique eurasienne (EAEU) (l’Arménie, la Bielorussie, le Kazakhstan et le Kirghizstan) pour développer son intégration, et éliminer le recours au dollar, par la création d’une monnaie virtuelle commune. L’année dernière, le ministre des Finances russe, Anton Siluanov, a suggéré que la Russie pourrait abandonner le dollar comme devise pour ses paiements internationaux, et lui substituer l’euro.

Depuis plusieurs années, la Chine conclut des accords avec ses partenaires commerciaux pour effectuer les paiements de ses échanges bilatéraux en yuan. Selon certains experts, le yuan pourrait supplanter le dollar comme monnaie de référence internationale dans quelques années.

Ces achats ont largement contribué à soutenir le cours du métal précieux au cours de cette période, et ont contribué à compenser la baisse de la demande des investisseurs et des utilisateurs industriels. À la Bourse de Londres, le coours de l’or a chuté de 1 % depuis le début de cette année, et il s’établissait à 1 270 dollars l’once jeudi.

Plus