La banque centrale suisse (BNS) prévoit une perte de 132 milliards de francs suisses sur 2022, soit à peu près le même montant en euros. Il s’agit de la perte la plus lourde de ses 116 ans d’existence, conséquence d’une année qui a été synonyme de chutes dours à la bourse.
Dans l’actu :
- La BNS a annoncé cette perte monstre dans un bref communiqué. La quasi-totalité de la perte est due à ses positions libellées en devises étrangères, telles que des actions ou des obligations américaines.
- Heureusement, la banque centrale dispose d’un important volant de réserves, de sorte que la perte nette ne sera finalement « que » de 39 milliards de francs suisses.
Le contexte :
- L’année 2022, pour le monde de l’investissement, on le sait, a été une mauvaise année tant pour les actions que pour les obligations, conséquence de la hausse brutale des taux d’intérêt. La BNS n’est pas la seule banque centrale à présenter des chiffres internes peu reluisants. La Banque nationale de Belgique (BNB) a aussi annoncé des pertes de plusieurs milliards de dollars.
- De plus, contrairement à la plupart des autres banques centrales, la BNS est un investisseur actif sur les marchés d’actions, souligne Holger Zschaepitz, spécialiste des marchés. Il fait référence à la corrélation remarquable entre l’évolution du bilan de la BNS et la chute des principales valeurs technologiques :
Les implications :
- Il va sans dire qu’avec une perte aussi monstrueuse, la BNS ne peut pas verser de dividendes aux gouvernements qui, directement et indirectement, détiennent quelque 78% de la BNS. Il s’agit de la Confédération suisse et des 26 cantons.
- Toutefois, c’est seulement la deuxième fois depuis sa création en 1906 que la BNS doit réduire à zéro les dividendes, comme le rappelle le service d’information Bloomberg. Cela signifie que de nombreux gouvernements locaux devront reconsidérer leurs dépenses prévues.
- Les actionnaires minoritaires privés vont également devoir renoncer à leurs dividendes annuels. Comme la BNB, la BNS est cotée en bourse, ce qui est plutôt inhabituel.
- Sur la politique monétaire et de change, la méga perte de la BNS n’a fondamentalement aucun impact. En 2022, nous avons obtenu une équité presque triple : 1 euro = 1 franc suisse = 1 dollar.
(CP)