Principaux renseignements
- La Banque centrale européenne (BCE) envisage de nouvelles réductions des taux d’intérêt en raison des signes de ralentissement du marché du travail dans la zone euro.
- Les économistes prévoient que la BCE continuera à réduire les taux malgré quelques voix dissidentes, en se concentrant sur la prévention d’une détérioration potentielle et en soutenant une nouvelle réduction des coûts d’emprunt.
- Le secteur manufacturier est particulièrement problématique, confronté à la faiblesse de la demande chinoise et à des désavantages concurrentiels internes, des entreprises comme Volkswagen AG envisageant pour la première fois de fermer des usines.
Les signes d’essoufflement du marché du travail de la zone euro incitent la Banque centrale européenne (BCE) à réduire plus rapidement ses taux d’intérêt. Malgré des chiffres du chômage toujours historiquement bas après le choc inflationniste et le ralentissement économique, les décideurs politiques observent des changements qui ont influencé leur décision de soutenir une nouvelle réduction des coûts d’emprunt.
Bien que la BCE ne soit pas soumise à un double mandat comme la Réserve fédérale, qui vise à la fois la stabilité des prix et le plein emploi, les changements sur le marché de l’emploi européen ont un impact significatif sur les perspectives d’inflation de la BCE. Les craintes d’une détérioration potentielle s’accentuent, car de grandes entreprises comme BASF SE et Thyssenkrupp AG ont déjà commencé à réduire leur personnel. Certains responsables craignent que cela ne déstabilise davantage une région déjà vulnérable, au bord de la récession.
Baisse des taux d’intérêt à venir
Les économistes prévoient que la BCE continuera à réduire ses taux en octobre et au-delà, malgré certaines voix dissidentes qui s’élèvent contre les cycles d’assouplissement automatique. L’attention portée au marché du travail s’explique par son impact potentiel sur l’inflation. Des données récentes révèlent un ralentissement de la croissance de l’emploi à seulement 0,2 pour cent au deuxième trimestre et une baisse des postes vacants à 2,6 pour cent, après un pic à plus de 3 pour cent. Des enquêtes telles que celles menées par S&P Global indiquent également une détérioration de la tendance.
Même les responsables les plus optimistes reconnaissent cette évolution. Isabel Schnabel, membre du conseil d’administration, estime qu’en réduisant l’appétit pour le recrutement, il est plus facile d’atteindre l’objectif d’inflation de 2 pour cent. Le Letton Martins Kazaks s’est inquiété d’un éventuel point de bascule où les entreprises pourraient revenir sur leurs politiques de rétention du personnel en raison de performances économiques décevantes, ce qui risquerait de déclencher un effet boule de neige.
Malheurs du secteur manufacturier
Le secteur manufacturier est particulièrement problématique, confronté à la faiblesse de la demande chinoise et à des désavantages concurrentiels internes. Bien que cette situation perdure depuis un certain temps, la théorie dominante était que les entreprises conserveraient leur personnel en prévision des difficultés à réembaucher plus tard. Cependant, certaines entreprises semblent maintenant perdre confiance dans un rebond économique, Volkswagen AG envisageant pour la première fois de fermer des usines en Allemagne. Les informations de plus en plus nombreuses faisant état de projets de réduction d’effectifs dans le secteur, notamment chez Continental AG, renforcent encore cette tendance. Les consommateurs hésitants signifient que les services n’ont pas pris le relais.
Les économistes de Goldman Sachs anticipe que le taux de chômage dans la zone euro atteindra 6,7 % dans les prochains trimestres, avec un risque de résultats encore plus préoccupants si l’économie ne répond pas aux attentes. Cela renforce leur argument en faveur de réductions agressives des taux d’intérêt à chaque réunion de la BCE jusqu’à ce que le taux de dépôt atteigne 2 pour cent, alors qu’il est actuellement de 3,5 pour cent.
Croissance des salaires et inflation
Le refroidissement du marché du travail se traduit généralement par un ralentissement de la croissance des salaires et une baisse de l’inflation, ce qui renforce les arguments en faveur d’un assouplissement plus rapide. Les économistes de Barclays ont récemment souligné que les travailleurs pourraient accepter des augmentations de salaire plus modestes lors des prochaines négociations en échange de la sécurité de l’emploi si le marché de l’emploi continue de s’affaiblir.
La BCE prévoit d’atteindre durablement son objectif d’inflation de 2 pour cent d’ici le second semestre 2025 en s’appuyant sur un ralentissement des hausses de salaires. Toutefois, elle vise également à prévenir une modération excessive du marché du travail et de la croissance des salaires. La semaine dernière, l’économiste en chef Philip Lane a souligné qu’un marché de l’emploi plus solide augmentait la probabilité d’atteindre l’objectif d’inflation, et que les augmentations de salaires seraient plus conformes à l’objectif dans les années à venir par rapport aux niveaux d’avant la crise.
Réponse de la BCE
Des économistes comme Karsten Junius de la banque J. Safra Sarasin reconnaissent la résilience du marché du travail de la zone euro, mais notent des signes clairs de ralentissement. Ils estiment que la BCE devrait réagir en mettant en œuvre des baisses de taux d’intérêt pour éviter un effondrement important et une hausse du chômage, ce qui suggère la nécessité de mesures d’assouplissement proactives.
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