Zimbabwe : des dizaines de voitures de luxe à 50.000 dollars malgré une inflation à 785% et une population qui meurt de faim

Alors que le pays se voit confronté à une inflation de 785%, la corruption semble une fois de plus régner au Zimbabwe. Le gouvernement aurait dépensé plusieurs millions de dollars en voitures de luxe.

Ces véhicules, en ce compris des dizaines de Range Rovers et des pick-up de la marque Toyota, (pour une valeur de plus de 50.000 dollars chacune), auraient été distribués aux ambassadeurs et aux hauts fonctionnaires du Zimbabwe. Les analystes affirment que cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une forme de soutien apporté au gouvernement du président Emmerson Mnangagwa, qui a pris le pouvoir après le coup d’État militaire ayant évincé Robert Mugabe, en 2017.  

Les faits ont été confirmés par Sibusiso Moyo, le ministre des Affaires étrangères du Zimbabwe, qui a déclaré à la commission parlementaire des affaires étrangères que de nouveaux véhicules avaient été livrés à plus de 50 diplomates du Zimbabwe, ainsi qu’à d’autres membres du personnel. 

785% d’inflation

Il s’agit d’un investissement important alors qu’à l’heure actuelle, la population peine à se nourrir. Des milliers d’infirmières et de médecins sont également en grève. Ils dénoncent les conditions de travail déplorables, le manque de matériel nécessaire pour faire face à l’épidémie et enfin, leurs salaires qu’ils estiment trop bas. 

Récemment, le principal parti de l’opposition, le Movement for Democratic Change, avait accusé le gouvernement de corruption pour avoir contacté une entreprise médicale créée il y a seulement deux mois, dans le but de lui fournir du matériel médical pour lutter contre la pandémie. La Hongrie, où était enregistrée l’entreprise, s’était inquiétée d’un versement suspect de 2 millions de dollars sur le compte de la société, provoquant la colère du mouvement  de l’opposition. ‘Au lieu de payer du personnel médical, ils sont occupés à se remplir les poches », avait alors déclaré la porte-parole du MDC Fadzayi Mahere, lors d’une conférence de presse à Harare.

En mai dernier déjà,  le ministre des Finances avait adressé un courrier au Fonds monétaire international, stipulant que le Zimbabwe était confronté à une catastrophe sanitaire et économique. Le ministre Mnangagwa avait alors pointé du doigt certains ‘détracteurs politiques’.

Une situation instable

La situation critique du Zimbabwe rappelle les difficultés rencontrées par la population en 2009, lorsque le pays s’était vu contraint de renoncer à sa devise pour adopter le dollar américain, suite à une période de crise marquée par une inflation galopante et un taux de chômage de 90%. Eldred Masunungure, politologue à l’Université du Zimbabwe, a déclaré que la situation ‘indique que le pays est globalement instable tant sur le plan politique que sur le plan économique ‘.

Les Nations unies estiment qu’aujourd’hui, pas moins de 4,3 millions de Zimbabwéens auraient actuellement besoin d’une aide d’urgence. Nombreux sont ceux qui, dans les villes, sont affamés. 

Plus