L’autorité régulatrice des télécommunications au Royaume-Uni, l’Ofcom, pourrait infliger des amendes aux géants des réseaux sociaux s’ils ne retirent pas leurs contenus préjudiciables.
Images d’abus d’enfants et contenus incitant à la violence n’ont pas leur place sur les réseaux sociaux, mais ils s’y cachent pourtant toujours. Le Royaume-Uni a donc décidé de passer à la vitesse supérieure pour bannir ce type de contenu des écrans, selon Bloomberg. Le gouvernement britannique est ainsi ‘disposé’ à donner au régulateur Ofcom un rôle de chien de garde d’internet, ont déclaré mercredi le ministre de la Culture Nicky Morgan et le ministre de l’Intérieur Priti Patel.
Si on ne connait pas encore les détails de ces propositions, on peut s’attendre à ce que l’Ofcom puisse infliger des amendes aux entreprises si elles ne protègent pas les utilisateurs britanniques contre les contenus préjudiciables. Le gouvernement ‘fera en sorte que le Royaume-Uni soit l’endroit le plus sûr pour être en ligne’, a ainsi déclaré le premier ministre Boris Johnson. L’opération de répression est lancée.
Voici ce que prévoient déjà les propositions évoquées ce mercredi:
- Les plateformes en ligne doivent minimiser le risque d’apparition de contenus illégaux, en particulier les contenus terroristes et les abus pédosexuels. Elles doivent également retirer rapidement les contenus illégaux.
- L’Ofcom va sauvegarder la liberté d’expression et défendre le rôle de la presse.
- Les adultes pourront toujours accéder ou poster des contenus légaux que certains pourraient trouver offensants.
- Les règles s’appliqueront uniquement aux entreprises qui autorisent le partage de contenu généré par les utilisateurs, comme les commentaires ou les vidéos ; ce sont ainsi moins de 5% des entreprises britanniques qui sont concernées.
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Des zones non régulées
Le Royaume-Uni entend donc ici s’attaquer aux zones encore non régulées d’internet, qui prennent de plus en plus de place sur les réseaux sociaux… Et exposent particulièrement les plus jeunes aux dangers d’expériences nuisibles telles que les abus, l’intimidation et du matériel terroriste.
Si cette déclaration de guerre au contenu préjudiciable peut être louable, elle risque pourtant d’envenimer davantage les relations americano-britanniques, déjà loin d’être au beau fixe depuis que le Royaume-Uni a décidé d’offrir un rôle limité à Huawei dans la 5G. Sans parler du projet de Boris Johnson d’imposer une taxe sur les GAFA, alors que les efforts pour trouver une solution internationale s’éternisent.
Reste-t-il par ailleurs que les contenus préjudiciables sont l’une des branches d’internet les plus délicates à réguler. La quantité faramineuse de matériel disponible et publié quotidiennement via les réseaux sociaux rendent la tâche particulièrement ardue, tout comme l’élaboration d’un compromis équilibré entre protection de la liberté d’expression et suppression des contenus nuisibles.
Peut-être le Royaume-Uni s’inspirera-t-il du gouvernement de la chancelière Angela Merkel, qui n’a pas tergiversé. L’Allemagne applique ainsi depuis 2018 la loi la plus sévère du continent pour réduire les discours de haine et les fake news, avec des amendes jusqu’à 50 millions d’euros. De son côté, la Commission européenne prépare aussi une révision des règles de responsabilité des plateformes, mais il faudra encore patienter jusque fin 2020, au plus tôt.
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