Le Fonds monétaire international (FMI) montre un optimisme relatif pour l’économie européenne, qui ne se dirigerait finalement pas droit dans le mur. Par contre, l’inflation risque d’être élevée encore longtemps, et avec elle les taux directeurs de la BCE.
Un atterrissage en douceur plutôt qu’un crash de l’économie européenne, mais pas de retour à la normale à l’horizon pour les prix

Pourquoi est-ce important ?
Les citoyens européens devront encore endurer des prix à la consommation et des taux d'intérêt pour l'emprunt élevés pendant plusieurs années. Si l'économie européenne ne devrait pas dérailler, à plus petite échelle, on peut bien se demander quelles seront les conséquences à long terme d'une telle pression inflationniste. Avec un potentiel drame social au bout du chemin.Dans l’actu : Les prévisions de novembre du FMI pour l’économie européenne. « Nous ne prévoyons pas de récession dans la zone euro dans nos projections. Nous prévoyons une croissance stagnante en 2023 et une reprise terne en 2024 », indique Alfred Kammer, directeur du département européen du FMI. Il y a à boire et à manger.
Une croissance du PIB relativement faible
Les détails : Commençons par les (légères) bonnes nouvelles : pas de crash en vue pour l’UE, malgré une croissance à la peine face à la politique monétaire restrictive de la Banque centrale européenne.
- Le PIB de l’Europe devrait croître de 1,3% cette année, et repartir vers 1,5% en 2024.
- Si on regarde à la zone euro, on est sur une croissance très faible en 2023 (0,7%) avant une petite reprise (1,2%) l’an prochain.
- Par contre, le PIB belge devrait croître d’à peine 1% cette année, et même ralentir à 0,9% l’an prochain. Contre 3,2% en 2022…

Une inflation encore trop élevée
Abordons le sujet qui fâche : la hausse des prix à la consommation. Pas de miracle ici pour l’économie européenne, mais tout de même une éclaircie.
- L’inflation en Europe serait de 10,4% en 2023 et de 9,3% en 2024, surtout portée par l’inflation dans les économies européennes émergentes (20,4% cette année et 22,3% l’an prochain).
- Mais c’est surtout la zone euro qui nous intéresse, avec la BCE.
- Ici, on se situe à un taux d’inflation annuel de 5,6% cette année, avant de redescendre à 3,3% en 2024. « Les perspectives pour l’Europe sont celles d’un atterrissage en douceur, avec une inflation en baisse progressive », commente le FMI.
- C’est bien, cela veut dire que la politique de taux élevés de la BCE fonctionne. Mais on est encore loin d’atteindre son objectif ultime d’inflation à 2%.
- Ici, le FMI pointe aussi l’impact de la guerre Israël-Hamas sur les prix de l’énergie, « ce qui pourrait faire grimper l’inflation en Europe de manière plus générale ».
- Si les prix du gaz naturel ont grimpé de 10%, le conflit a eu jusqu’à présent un « impact limité » sur les économies européennes du côté des prix. Tout dépendra de la durée et de l’intensité du conflit au Moyen-Orient.
- Autrement dit : les taux élevés devraient rester en vigueur encore longtemps.
« Le maintien d’une politique monétaire restrictive est primordial pour garantir le retour de l’inflation à son objectif dans un délai raisonnable. L’incertitude quant à la persistance de l’inflation est grande, et le coût d’un assouplissement trop précoce est substantiel. »
Le Fonds monétaire international
L’impact de la hausse des salaires
Zoom avant : les prévisions sont ici assez sombres pour la Belgique.
- L’inflation devrait chuter à 2,5% cette année, contre 10,3% en 2022.
- Avant de repartir à la hausse à 4,3% en 2024. On est en ligne avec les prévisions du Bureau du Plan pour une inflation à 4% l’an prochain.
- C’est plus élevé que tous nous voisins directs : 4,2% pour les Pays-Bas, 3,5% pour l’Allemagne, 3,3% pour le Luxembourg et même 2,5% pour la France.
- À en croire le FMI, cette inflation particulièrement élevée s’expliquerait par l’indexation automatique des salaires. Théorie également avancée par le Conseil central de l’économie belge.
« La frontière est mince entre aider à la reprise économique et bannir une inflation obstinément élevée. Les banques centrales doivent surveiller les risques à la hausse pour l’inflation et surveiller de près les accords salariaux et leur cohérence avec les tendances de la productivité. Une divergence marquée serait inquiétante.«
Le Fonds monétaire international
