Que peut-on attendre de la BCE et de la Fed cette semaine ?

Que peut-on attendre de la BCE et de la Fed cette semaine ?
Christine Lagarde (ECB) & Jerome Powell (Fed) – EITAN ABRAMOVICH/AFP via Getty Images

Une semaine passionnante attend les investisseurs. Les banquiers centraux des États-Unis et de la zone euro se réunissent. La Réserve fédérale devrait faire une pause en matière de taux d’intérêt, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) relèvera encore ses taux de 25 points de base.

Perspectives de la politique monétaire américaine : le président de la Fed, Jerome Powell, et ses collègues se réunissent les 13 et 14 juin.

  • L’outil FedWatch du CME montre que 70 % du marché table sur une rupture des taux et 30 % sur une hausse de 25 points de base le 14 juin.
  • La question est : la Fed va-t-elle surprendre les investisseurs ? Plusieurs indicateurs économiques font déjà pression sur la banque centrale américaine pour qu’elle poursuive ses hausses de taux.
    • Tout d’abord, le marché du travail reste tendu. Le dernier rapport sur l’emploi du ministère américain du Travail a montré que 339 000 emplois ont été créés aux États-Unis le mois dernier. Les économistes tablaient sur une augmentation de « seulement » 190 000 emplois. Minuscule point positif : les salaires ont augmenté moins fortement que prévu. En glissement annuel, la croissance des salaires a été de 4,3 %. Les économistes tablaient sur une hausse de 4,4 %.
    • La semaine prochaine – le 13 juin pour être précis – nous saurons dans quelle mesure la vie outre-Atlantique est devenue plus chère le mois dernier. L’indice PCE (dépenses de consommation personnelle), la mesure de l’inflation préférée de la Réserve fédérale, ne donne pas une image très positive. Il montre que l’inflation américaine (annualisée) est passée de 4,2 % en mars à 4,4 % en avril. L’inflation de base, qui exclut les prix des denrées alimentaires et de l’énergie, s’est élevée à 4,7 %. En mars, elle était de 4,6 %.
  • Autre élément non négligeable : il n’y a pas de consensus au sein de la Fed sur la direction que la banque centrale devrait prendre dans les mois à venir. C’est ce qui ressort du compte-rendu de la dernière réunion.
    • Philip Jefferson, gouverneur de la Réserve fédérale, et Patrick Harker, président de la Banque fédérale de réserve de Philadelphie, ont laissé entendre au début du mois que la banque centrale américaine ne relèverait pas les taux d’intérêt ce mois-ci.
    • En revanche, Christopher Waller, gouverneur de la Réserve fédérale, a souligné fin mai qu’il était trop tôt pour cesser de relever les taux d’intérêt.

Et dans l’eurozone

Perspectives de la politique monétaire de la zone euro : le 15 juin, Christine Lagarde, présidente de la BCE, et son équipe seront les prochaines à intervenir.

  • Il est presque certain qu’une nouvelle augmentation de 25 points de base nous attend. C’est également ce qu’affirme Carsten Brzeski, économiste chez ING. Selon lui, la BCE ne changera pas de cap. Il table sur une hausse des taux de 25 points de base la semaine prochaine et n’exclut pas d’autres augmentations par la suite.
    • L’inflation dans la zone euro a atteint 6,1 % (en glissement annuel) en mai, ce qui représente toujours le triple de l’objectif de la BCE. L’inflation de base – un indicateur clé pour la BCE – continue également d’atteindre des sommets élevés malgré une baisse. Elle s’est établie à 5,3 % le mois dernier. En avril, elle était de 5,6 %.
    • Christine Lagarde a récemment souligné que rien n’indiquait clairement que l’inflation sous-jacente avait atteint son maximum. « Nous avons encore du travail à faire pour abaisser les taux d’intérêt à des niveaux suffisamment restrictifs », a-t-elle déclaré dans un discours.
  • Le resserrement de la politique monétaire commence à produire ses effets sur l’économie de la zone euro. Les chiffres de croissance de l’agence européenne de statistiques Eurostat montrent que la zone euro est entrée dans une légère récession. La BCE elle-même a averti au début du mois dans sa Revue de la stabilité financière que les hausses de taux d’intérêt mettaient à l’épreuve la résistance des ménages, des entreprises, des gouvernements et du secteur immobilier.
  • Quoi qu’il en soit, la banque centrale est désormais confrontée à un difficile exercice d’équilibre : si elle continue à tirer trop fort sur le frein à main, la récession légère risque de se transformer en récession profonde, mais si elle abandonne trop tôt le resserrement de sa politique monétaire, elle risque de relancer l’inflation.

(SR)

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